
Forts de performances économiques et financières toujours plus impressionnantes, les Gafam s’attaquent à de nouvelles frontières.
Les arbres ne montent pas jus- qu’au ciel », selon le vieil adage boursier qui dissuade les investisseurs naïfs de penser que les actions peuvent battre record sur record. Pourtant, la vague de résultats financiers que viennent de publier Apple, Microsoft, Facebook, Amazon et Alphabet, la maison mère de Google, laisse songeur.
Source: Le Soir – Le Figaro
Les cinq géants technologiques américains ont tous affiché des taux de croissance de leurs revenus compris entre 14 et 27 % en 2019 et de confortables profits. Le chiffre d’affaires annuel de Google a dépassé les 161 mil- liards de dollars, celui de Microsoft 125milliards et celui d’Amazon 280,5milliards. Ces performances ont propulsé les capitalisations boursières d’Apple, Amazon et Microsoft à leur plus haut historique. À l’exception de Facebook, tous sont entrés dans le club fermé des 1.000 milliards de dollars de valeur en Bourse.
Si chacun de ces groupes a ses particularités, son domaine d’activité dominant (publicité, e-commerce, smart- phones, etc.), ces résultats valident la puissance de leur modèle économique et de leurs écosystèmes respectifs, qui s’enrichissent et s’étendent avec l’exploitation de la matière brute et précieuse que sont les données. Leur capacité à innover sur un marché, avec des effets de réseaux très importants, et à dégager des marges importantes leur a permis d’investir massivement dans d’autres technologies et de pénétrer de nouveaux domaines.
Un cercle vertueux
Apple a ainsi construit un système d’abonnements à des services de contenus vidéos, de jeux et d’applications aux détenteurs de produits Apple. Google, Amazon et Microsoft multiplient les services aux entreprises basés sur leurs capacités de stockage informatique de leurs données. « Nos investissements dans l’informatique profonde, y compris l’intelligence artificielle, l’informatique ambiante et le cloud computing, fournissent une base solide pour une croissance continue et de nouvelles opportunités à travers Alphabet», a ainsi expliqué le PDG de Google, Sundar Pichai, aux analystes financiers, évoquant ainsi les perspectives futures du groupe. Pour les géants de la tech, un cercle vertueux s’enclenche, que rien jusqu’ici ne semble pouvoir freiner.
Cette puissance financière et commerciale leur donne une certaine maîtrise de la concurrence sur leurs marchés, au travers de rachat de sociétés prometteuses ou de pratiques parfois dénoncées. En début d’année, le fabricant d’enceintes Sonos, qui a attaqué Google pour avoir violé des brevets, ra- contait, exemples à l’appui, comment certains géants utilisaient leur pouvoir de marché pour imposer leurs conditions ou tordre le bras de plus petits compétiteurs. «Aujourd’hui, les groupes dominants ont tellement de pouvoir sur un éventail si large de marchés et profitent tellement de ce pouvoir pour se développer sur de nouveaux marchés que nous avons be- soin de repenser les lois et réglementa- tions existantes», a témoigné Patrick Spence, le PDG de Sonos, lors d’une audition au Congrès américain le 17 janvier.
Fin des tabous
Car l’appétit des Gafam est loin d’être rassasié. Leur hyperpuissance leur per- met aussi de s’attaquer une à une à de nouvelles frontières. Champions dans leur domaine respectif, concurrents sur certaines plates-bandes, alliés
quand leur intérêt l’exige – ils travaillent ensemble à définir un standard de communication commun pour la maison connectée –, tous sont d’ores et déjà concentrés sur des gâteaux en- core plus grands : l’argent, la santé et la sécurité. La réaction vive et mondiale au projet de monnaie numérique Libra annoncé par Facebook en juin dernier a démontré la sensibilité du sujet pour les États, mais aussi qu’aucune frontière n’était plus taboue.
Jusqu’ici, les géants américains de la tech ont rencontré peu d’obstacles à leur expansion. Très présent dans les débats, l’appel à de nouvelles régulations tarde à se traduire dans les faits, aussi bien sur les questions de concurrence que d’éthique. Ces sujets n’ont pas été des thèmes forts de la cam- pagne américaine. Les différents manquements en matière de protection des données n’ont pas détourné les utilisateurs. Les plus importantes sanctions financières prononcées ont été rapide- ment absorbées. Et les multiples en- quêtes en cours peuvent encore prendre des années.
Aucune concurrence n’est aujourd’hui en capacité de les défier, si ce n’est celle d’autres géants technologiques en pleine expansion en Chine. Un chiffon rouge d’ailleurs régulièrement agité par les dirigeants des Gafam à quiconque souhaite les entraver.
FOCUS 1: RETAIL
De son nouvel entrepôt de Brétigny- sur-Orge, Amazon livre ses clients plus rapidement encore. En 24 heures, voire en 12 heures, ils peuvent réceptionner chez eux leurs commandes. Et pour livrer un nombre croissant de consommateurs dans les temps, Amazon ouvrira en mai un nouveau centre de distribution à Senlis, le 23e dans l’Hexagone.
En France comme ailleurs dans le monde, Amazon investit continuelle- ment pour améliorer l’expérience d’achat de ses clients… et conserver une longueur d’avance sur ses concurrents. Cette stratégie porte ses fruits : grâce à la multiplication des centres de stockage autour des métropoles, Amazon a multiplié par quatre, au dernier trimestre 2019, le nombre de ses livraisons en moins de 24 heures et conquis à ce jour
150 millions d’abonnés.
En habituant les consommateurs à être livrés dans ces délais, Amazon crée de nouveaux standards. Il contraint ses concurrents à lui emboîter le pas et à se lancer dans de lourds investissements, sans rentabilité immédiate. L’activité commerce d’Amazon n’est pour l’instant pas rentable en Europe, contrairement aux États-Unis. Lorsque ses clients européens se seront habitués à la livraison rapide, le géant américain relèvera probablement ses prix et parviendra à y gagner de l’argent. Le coût de l’abonnement prime a été relevé de 20 dollars en 2018 aux États-Unis, sans qu’Amazon ne constate d’hémorragie chez ses abonnés.
Un Golden Globe, davantage de chaussures
Mais « Amazon peut se permettre de perdre de l’argent à court terme, sur trois, quatre ou cinq ans, pour en gagner à long terme », explique Julien Dutreuil, associé chez Bartle. Ce luxe n’est pas à la portée de tous les distributeurs physiques, encombrés par de coûteux magasins en durs, et par ailleurs contraints de tenir leurs prix.
Amazon dame aussi le pion à la concurrence en incitant les clients à s’abonner à son offre prime. Lorsque celle-ci a été créée en 2005, le montant de l’abonnement a été fixé pour qu’il soit « engageant » : puisqu’ils paient une somme conséquente, les utilisateurs de prime ont intérêt à recourir largement à Amazon. Et de fait, ils dépensent 130 % de plus que les non-abonnés. Amazon offre désormais à ces clients privilégiés un accès à son catalogue de livres et de films en streaming. « Lorsque nous gagnons un Golden Globe, cela nous aide à vendre plus de chaussures », considère Jeff Bezos. Tout est fait pour que le consommateur vive dans l’écosystème Amazon, sans aller voir ailleurs.
Le livre a été le premier secteur secoué par le géant américain. « Les loisirs, les jouets et l’électronique restent les secteurs les plus touchés », relève la fédération du commerce spécialisé. Les distributeurs traditionnels ont d’abord été pris de court. Ils ont voulu croire que l’essor de l’e-commerce ne représentait pas un danger pour leur activité, avant de se rendre à l’évidence. Aujourd’hui, «ils peuvent tirer parti de leur spécificité, de leur connaissance produits pour conserver leur clientèle », estime Grégoire Beaudry, associé chez Bain.
La partie n’est pas perdue. Malgré l’excellence de l’expérience client d’Amazon, les enseignes physiques restent appréciées des clients. Amazon a été l’enseigne préférée des Français presque sans interruption de 2012 à 2016. L’entreprise est désormais reléguée à la 9e place du classement d’OC&C, tandis que Décathlon, Picard et Grand Frais sont en tête. Amazon lui-même, qui a racheté la chaîne Whole Food Market aux États-Unis et a ouvert des supérettes automatisées Amazon go, croit à l’avenir du magasin…
FOCUS 2: Les Banques
Longtemps redoutée, l’irruption des Gafam dans la banque est en train de devenir une réalité. Amazon serait ainsi sur le point de s’associer à Gold- man Sachs pour proposer aux États- Unis, sur sa plateforme, des prêts aux petites entreprises, selon le Financial Times. Seules les sociétés vendant leurs produits via son site d’e-commerce
pourraient en bénéficier.
Un moyen efficace pour trouver des
clients et limiter les risques, puisque Amazon dispose de beaucoup d’informations financières sur ses fournisseurs. Goldman Sachs, qui veut se dé- ployer dans la banque de détail, a déjà noué un partenariat avec Apple et lancé outre-Atlantique, l’été dernier, l’Apple Card. À l’automne, c’était au tour de Google de dévoiler un projet de compte courant pour les particuliers en 2020, en partenariat avec la banque Citigroup.
Jusqu’à présent, les Gafam ont poussé leurs pions dans le paiement avec des technologies embarquées dans les smartphones de leurs clients. À l’image d’Apple Pay ou de Google Pay, qui permettent de payer dans les commerces avec son téléphone portable. Cette offensive pourrait leur rapporter (ainsi qu’aux start-up de la finance) 280 mil- liards de dollars en 2025, selon une étude d’Accenture.
Nouveau canal de propagation d’une crise financière ?
« Il est logique qu’après le paiement, les géants de la tech se développent dans les services financiers », explique Thierry Mennesson, « partner » chez Oliver Wyman. C’est d’ailleurs ce qu’ont fait les géants chinois de la tech comme Tencent (avec WeChat Pay) ou Alibaba (Alipay), qui proposent désormais, en plus du paiement, de l’épargne ou du crédit à la consommation. «Ces groupes cherchent à entretenir une relation de plus en plus profonde avec leurs clients. Leur objectif est de récupérer leurs données sur les revenus, les dépenses ou les enseignes préférées, et de les monétiser », ajoute Thierry Mennesson.
Parce que s’attaquer au marché bancaire très réglementé est lourd aux États-Unis ou en Europe, les Gafam contournent – pour l’heure – l’obstacle en nouant de nouveaux types de partenariats avec des banques. Certains de ces établissements financiers sont peu présents dans la banque de détail, à l’image de Goldman Sachs. D’autres au contraire seraient prêts à se positionner comme fournisseurs de produits financiers à grande échelle. En prenant le risque de voir leurs offres cannibalisées par celle des géants de la tech.
« Les Gafam sont une menace très si- gnificative pour les banques aujour- d’hui », estime Bruno de Saint-Florent, associé chez Oliver Wyman. Une me- nace prise très au sérieux par les pou- voirs publics. En décembre, un rapport du Conseil de stabilité financière (FSB), émanant du G20, estimait que l’arrivée de ces nouveaux acteurs faisait peser un risque sur la stabilité du système financier. Le G20 s’inquiétait surtout du nouveau canal de propagation d’une crise financière.
L’année 2019 a été marquée par une recrudescence d’enquêtes antitrust contre Google, Amazon, Facebook et Apple. Toujours tout-puissants en Bourse, les Gafa sont attaqués de toutes parts et vont devoir répondre de leur prédominance en 2020. (Les Echos)

Damien Meyer/AFP
Publié le 2 janv. 2020 à 12h06
Mis à jour le 2 janv. 2020 à 20h38
Quid des Gafa en 2020 ? Après une année rocambolesque, marquée par la multiplication des enquêtes antitrust et la persistance de leur toute-puissance boursière, les Google, Apple, Facebook et Amazon ont du pain sur la planche. Attaqués de toutes parts, ils vont notamment devoir répondre de leur prédominance sur le marché publicitaire ou encore à la controverse sur l’utilisation des données personnelles. Tour en douze questions des principaux enjeux de cette année.
Où en sont les enquêtes sur les Gafa ?
L’année 2019 aura vu les enquêtes se multiplier pour les Gafa. La plupart seront longues et elles s’annoncent acharnées. Les géants de la tech ont renforcé leurs équipes juridiques et sont désormais à la tête d’une armée de lobbyistes, déployés à Washington, à Bruxelles et dans les principales capitales mondiales.
Mais le climat a clairement changé, en particulier dans la classe politique américaine, et les fronts se sont multipliés. Récemment, le président de la Federal Trade Commission (FTC) a confirmé qu’il menait plusieurs enquêtes, en plus de celle, déjà annoncée, concernant Facebook – qui pourrait chercher à bloquer l’intégration des différentes applications, Facebook, Instagram et WhatsApp. Il n’a pas cité de noms, mais il s’agit de « plates-formes aux activités multiples, soupçonnées de pratiques illégales et dont les acquisitions ont été approuvées par les autorités de régulation »…
Aux Etats-Unis, le Département de la Justice a aussi entre les mains le dossier Facebook. Le secrétaire à la Justice, William Barr, a indiqué que le passage en revue des activités concernerait des sujets différents de ceux étudiés par la FTC. Et le Congrès a mis en place ses propres commissions d’enquête sur les Gafa…
Des procédures encore différentes de celles menées au niveau des Etats. Cinquante procureurs généraux, représentant 48 Etats, se sont en effet regroupés pour chercher à savoir si Google et Facebook ont violé les règles sur la concurrence aux Etats-Unis. Le Texas, qui mène l’enquête sur Google, a récemment indiqué qu’il étendait son enquête, jusqu’ici cantonnée aux activités publicitaires du géant, à Android et au moteur de recherche. L’Etat de New York, qui dirige celle sur Facebook, n’exclut pas de s’intéresser également à la vie privée.
Des préoccupations partagées par l’Europe : Bruxelles vient de lancer une enquête préliminaire sur la collecte et la monétisation des données des utilisateurs de Google.
Les Gafa seront-ils démantelés ?
L’élection présidentielle de novembre prochain aux Etats-Unis donne des sueurs froides à certains acteurs de la Tech. La démocrate Elizabeth Warren a notamment jugé qu’il était « temps de démanteler Google, Amazon et Facebook ». Elle conteste leur emprise sur la société mais juge aussi que leur poids nuit désormais à l’émergence de nouveaux acteurs innovants.
Sa proposition : séparer la propriété de l’outil technique et son usage quand un groupe dépasse 25 milliards de dollars de chiffre d’affaires. Donald Trump lui-même assure ne pas être très fan des Gafa, mais il les défend dans leur combat fiscal contre la France et n’a pas légiféré pour limiter leur influence. Joe Biden, en tête des sondages pour l’investiture démocrate, a pour l’instant surtout critiqué – parce qu’il en a été victime – les fausses publicités diffusées sans contrôle par Facebook.
Plus que le démantèlement, c’est une régulation plus serrée que les Gafa peuvent craindre, avec de multiples entrées possibles : la concurrence déloyale (quand Apple ou Amazon privilégient leurs services à partir de leurs produits ou de leur plate-forme), la protection et le partage des données personnelles ou encore la réglementation publicitaire, qui reste le coeur des revenus de Google et Facebook.
Qui aura la meilleure part du gâteau publicitaire ?
Plutôt que des Gafa, il faut surtout parler de Google et de Facebook quand il s’agit de mesurer le poids de ces acteurs dans les recettes publicitaires. Google a passé la barre des 40 milliards de dollars de chiffre d’affaires au troisième trimestre, dont 83 % dans la publicité numérique, et Facebook 18 milliards de dollars de revenus en un trimestre. Selon l’institut Warc, les deux acteurs ont capté l’an dernier 56 % de la publicité numérique mondiale, un chiffre qui pourrait grimper à 61 % cette année. Rapportée au marché total de la publicité – en ligne et traditionnelle -, leur part était encore de près de 25 % l’an dernier.
Google et Facebook voient désormais entrer sur leur terrain de jeu Amazon. La plate-forme, qui profite de ses places de marché et de sa connaissance fine des consommateurs pour envoyer des messages ciblés, pourrait capter 10 milliards de dollars de recettes publicitaires sur le marché américain cette année, soit près de 8 % du marché, selon une étude de e-marketer.
Les grandes plates-formes risquent donc de continuer à prendre des parts de marché sur les acteurs historiques que sont notamment les éditeurs de presse et la télévision. Et les tentatives de régulation et de partage des revenus se sont pour l’instant heurtées à un mur. Comme avec la « taxe Gafa » sur le chiffre d’affaires des grandes plates-formes, la France, qui a été la première à avoir transposé la directive européenne sur le droit voisin pour la presse, espère faire reconnaître un abus de position dominante de Google et parvenir à un accord.
Ont-ils gagné la bataille du cloud ?
La tortue européenne peut-elle rattraper le lièvre américain ? Dans le domaine des infrastructures informatiques à la demande, la fable a peu de chances de se terminer comme dans la version originale. Les trois géants du cloud – Amazon, Microsoft et Google – ont pris dix ans d’avance sur la concurrence.
Le premier a inventé le concept avec sa filiale AWS créée en 2006. Il contrôle aujourd’hui plus du tiers de ce fabuleux marché, évalué à 100 milliards de dollars en 2019, et en croissance de 40 % par an. Son premier poursuivant, Microsoft Azure, est deux fois plus petit. Google Cloud quatre fois. A eux trois, c’est plus de la moitié du gâteau mondial du cloud. Avec les profits, mais aussi les innovations et les économies d’échelle qui vont avec. A côté, le champion tricolore OVH, avec ses 600 millions d’euros de revenus attendus en 2019 – soit moins de 1 % du marché mondial -, pèse très peu.
Les seuls à pouvoir faire un peu d’ombre à l’Oncle Sam, ce sont les géants chinois du cloud : Alibaba et Tencent. Ce dernier vient d’annoncer un investissement de plus de 10 milliards d’euros dans ses infrastructures cloud en Europe. Et en a profité pour expliquer aux autorités du Vieux Continent que la compétition mondiale était « largement passée ».
L’Europe a pourtant encore des ambitions, dopées par les inquiétudes sur la protection des données personnelles ou industrielles. La France sonde ainsi les industriels tricolores pour bâtir un « cloud de confiance », sept ans après l’échec fracassant des « clouds souverains » Numergy et Cloudwatt. L’Allemagne pousse un « cloud européen » baptisé Gaia-X. La volonté politique suffira-t-elle ? Il y a quelques années, la possibilité, voire l’intérêt, de concurrencer le GPS américain avec Galileo paraissait mince. Et pourtant il tourne…
Les banques vont-elles disparaître au profit des Gafa ?
Apple, qui vient de lancer une carte bancaire avec Goldman Sachs, Google, qui se prépare à proposer un compte courant avec Citigroup l’an prochain… Depuis leur entrée sur le marché des moyens de paiement avec Apple Pay ou Google Pay, les Gafa misent sur le secteur bancaire pour se diversifier. Certains ont même des ambitions plus grandes, comme Facebook qui avait réuni une palette de partenaires bancaires pour lancer une cryptomonnaie, le Libra.
L’offensive de Facebook sur un sujet éminemment souverain a finalement déclenché plus de craintes que d’admiration, au moment où Mark Zuckerberg est la cible de critiques tous azimuts de la part des régulateurs et des parlementaires. Résultat, le projet de Libra est regardé avec circonspection et les partenaires bancaires sont partis un à un.
« Le Libra, c’est pour l’instant surtout une idée mais cela a forcé les régulateurs à se poser à nouveau la question de ce qu’est une banque », jugeait récemment un banquier américain. Début décembre, un rapport des superviseurs du G20 fédérés dans le Conseil de stabilité financière (FSB) a pointé les risques que fait peser la « Big Tech » – avec des acteurs peu nombreux et maîtres du cloud – sur les performances des banques traditionnelles, et donc in fine sur la stabilité du système financier.
La santé, nouvel eldorado des Gafa?
Partenariat avec plusieurs laboratoires pharmaceutiques pour améliorer les essais cliniques, création de nouvelles divisions dédiées à la santé dirigées par des professeurs de médecine réputés, ouverture de cliniques pour leurs salariés… En 2019, les Gafa ont multiplié les annonces dans le domaine de la santé, un marché fragmenté représentant un cinquième du PIB des Etats-Unis qu’ils veulent disrupter.
La révélation en novembre par le « Wall Street Journal » du projet Nightingale de Google a confirmé le niveau de leurs ambitions dans ce domaine. Ascension Health, le deuxième plus gros gestionnaire d’hôpitaux des Etats-Unis, a passé un partenariat avec le géant de Mountain View pour transférer les dossiers médicaux de plus de 50 millions de patients vers ses serveurs informatiques. Objectif ? Suggérer des traitements aux médecins en appliquant ses outils d’intelligence artificielle aux données.
La nouvelle a suivi de peu l’annonce de son offre de rachat de Fitbit,le fabricant de bracelets connectés dont les dernières versions permettent de surveiller son sommeil et son rythme cardiaque. La société ne veut pas se laisser distancer par Apple, qui a déjà positionné sa montre connectée comme appareil préventif. Depuis l’année dernière, deux des plus gros assureurs américains subventionnent les Apple Watch. Le géant à la pomme pourrait aller plus loin cette année avec des appareils mesurant le taux de glucose. Reste un mur à franchir : la surveillance accrue des régulateurs et la défiance des patients à la suite des différents scandales sur leurs traitements des données.
Fiscalité du numérique : jusqu’où ira le duel Washington-Paris ?
Tout est à refaire, ou presque. Alors que les négociations semblaient avancer à l’OCDE, Paris et Washington ont connu un automne brûlant. L’administration Trump avait pourtant donné des signaux positifs, envisageant une solution concertée au niveau international et adoubant les principes énoncés par l’OCDE (taxation des activités dans un pays même si la société n’a pas de présence physique, définition d’un taux minimum d’impôt sur les sociétés…).
Mais depuis, elle a fait volte-face et fait savoir à ses partenaires que, pour elle, ces mesures ne pouvaient être que… facultatives. Et en attendant qu’une solution soit trouvée, qui remplacerait la taxe Gafa adoptée en France, Washington a annoncé des mesures de représailles, qui pourraient taxer jusqu’à 100 % des fromages français, du champagne, etc. Un arsenal soumis à une consultation publique jusqu’au 14 janvier.
Dans l’immédiat, les grandes plates-formes vont devoir s’acquitter des taxes en France. Elles pourraient être remboursées si une solution internationale était adoptée et que cet impôt était moins élevé que la taxe française. Mais, pour cela, il faudra se rasseoir à la table des négociations…
En attendant, Google a annoncé cette semaine qu’il arrêterait d’utiliser un mécanisme d’optimisation fiscale « Double Irish, Double Dutch sandwich » qui lui permettait de repousser le paiement de ses impôts aux Etats-Unis. Washington avait exhorté les sociétés qui y avaient recours à mettre fin à cette pratique avant 2020.
Les salariés des Gafa vont-ils suivre ou se rebeller ?
Ramener les entreprises technologiques dans le droit chemin : c’est la mission que se fixe un nombre croissant de salariés des Gafa. Longtemps apathiques, quelques milliers d’entre eux multiplient désormais les manifestations et lettres ouvertes pour protester contre les pratiques internes et les choix stratégiques de leurs employeurs. Une douzaine est même allée jusqu’à démissionner.
La mobilisation est particulièrement forte chez Google, entreprise qui a toujours encouragé ses salariés à exprimer leurs opinions. Après la manifestation d’un quart des effectifs du groupe en novembre 2018 à la suite du traitement généreux de dirigeants accusés de harcèlement sexuel, leur activisme a permis d’améliorer les conditions de travail des intérimaires, de stopper la fourniture d’outils d’intelligence artificielle au Pentagone et de mettre fin à un projet de retour du moteur de recherche en Chine.
Le géant de Mountain View cherche désormais à torpiller une mobilisation qui ne faiblit pas. Après avoir réduit l’accès des « Googlers » aux documents ne les concernant pas directement, il a diminué le champ et la fréquence des réunions permettant aux salariés d’interroger la direction puis licencié cinq salariés activistes au cours des deux derniers mois. Reste à voir si cela sera suffisant pour étouffer un mouvement qui, s’il reste limité à une minorité d’employés, est de plus en plus vocal. Et si cette résistance ne va pas plutôt pousser les activistes à former un véritable syndicat.
Quel sera leur parcours boursier ?
Malgré les enquêtes qui se multiplient, malgré la guerre commerciale qui les a sérieusement menacés, les Gafa ont battu des records boursiers en 2019, dans le sillage d’un Nasdaq qui a gagné 36 % en un an. Amazon a gagné 23 %, Alphabet 28 %, Facebook s’est envolé de 56 % et Apple de 85 % ! Ce dernier a engrangé plus de 530 milliards de capitalisation boursière en douze mois. Les marchés ont salué leurs résultats, portés par le contexte économique favorable aux Etats-Unis. Difficile, a priori, de faire mieux en 2020, alors que Wall Street pourrait hésiter face aux incertitudes internationales et se montrer relativement attentiste jusqu’à l’élection présidentielle américaine.
Les analystes s’attendent néanmoins à voir Apple franchir allègrement la barre des 300 dollars à la Bourse de New York, porté par les ventes de ses accessoires lors des fêtes de fin d’année. Ceux-ci (les AirPods et les Apple Watch notamment) pourraient doper les résultats du quatrième trimestre.
Les voyants sont aussi au vert pour Facebook. Les analystes d’Aegis Capital ont récemment relevé leur objectif de cours de 235 dollars à 300 dollars (contre un peu plus de 200 actuellement), optimistes sur les progrès de la monétisation de WhatsApp et Messenger, deux services contrôlés par le géant des réseaux sociaux. Quant à Amazon, UBS a fixé un objectif à 2.100 dollars par action sur douze mois, contre un peu plus de 1.800 actuellement, enthousiasmé par les activités de cloud.

Gafa versus BATX chinois : qui va gagner ?En 2020, la bataille va toujours faire rage entre les Gafa et les BATX chinois. Derrière cet acronyme se cachent Baidu (moteur de recherche et voiture autonome), Alibaba (e-commerce et paiement mobile), Tencent (réseaux sociaux et jeux vidéo) et Xiaomi, le quatrième fabricant mondial de smartphones.
Les quatre géants chinois sont les seules entreprises au monde à avoir l’échelle et la puissance de frappe financière pour rivaliser avec les Gafa américains. Avec 1,1 milliard d’utilisateurs sur sa messagerie WeChat, Tencent talonne Facebook (2,4 milliards de personnes) et sa capitalisation boursière fait des grands pas (458 milliards de dollars contre 585 milliards pour Facebook). Comme les Gafa, les BATX ont aussi enclenché un énorme mouvement de diversification (vers la voiture autonome, les contenus, l’intelligence artificielle…) fondé sur la croissance externe. Leur méthode privilégiée de développement reste en effet les acquisitions, tandis que sur ce terrain les Gafa américains sont plus prudents.
De plus en plus présents en Europe, à l’image de Tencent qui vient de racheter 10 % du capital du français Universal Music, les BATX le sont toutefois encore peu aux Etats-Unis, en raison de la méfiance qu’ils suscitent, particulièrement depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche.
A ce stade, seule TikTok, l’application de vidéos éphémères du chinois ByteDance, a fait une percée fulgurante. Plus de 26 millions d’Américains utilisent la plate-forme, dont 60 % ont entre 16 et 24 ans, selon les chiffres officiels. Mieux, en 2018, TikTok a été davantage téléchargée dans le pays que Facebook, Instagram ou Snapchat.
Quels progrès peut-on attendre sur la protection de la vie privée ?
C’est la question explosive qui a fait tomber Facebook de son piédestal et forcé Mark Zuckerberg à multiplier les actes de contrition après le scandale Cambridge Analytica . Comment empêcher les données personnelles des internautes d’être amassées, redistribuées et utilisées à tort et à travers pour des motifs parfois peu avouables ? C’est tout le modèle économique d’Internet – et de Google et Facebook en premier lieu – qui est en question.
Une pseudo-gratuité où, pour accéder à des services de grande qualité devenus parfois quasi indispensables, il faut accepter d’être pisté en permanence. Ce que Shoshana Zuboff résume par le titre de son récent ouvrage : « L’âge du capitalisme de surveillance » . Où je suis, qui je contacte, qu’est-ce que j’aime… quantité d’informations peuvent dresser un portrait unique et extrêmement précis d’un individu.
« Les ‘J’aime’ sur Facebook permettent de déduire l’orientation sexuelle avec une précision de 88 % », note l’Institut Montaigne dans une récente étude sur l’insuffisante protection des données personnelles . De quoi faire le bonheur des annonceurs… mais aussi le miel des services d’espionnage, le lit des fake news et le malheur de la démocratie.
Une prise de conscience s’amorce. Facebook comme Google offrent des outils aux utilisateurs pour gérer leurs informations personnelles. Apple fait de la protection de la vie privée un argument marketing phare , même s’il ne peut pas contrôler toutes les données personnelles exfiltrées par les applications mobiles pour iPhone. L’Europe, suivie par la Californie ou l’Inde, a durci son cadre légal avec le RGPD.
Est-ce suffisant ? Certains plaident pour un renforcement drastique de ces garde-fous. Mais certainement pas les Gafa. Les mauvaises pratiques de Facebook en matière de respect de la vie privée lui ont déjà valu 5 milliards de dollars d’amende aux Etats-Unis l’été dernier. Un cadre plus restrictif sur le pistage des internautes coûterait autrement plus cher à la tech américaine.
Quelles sont les grandes innovations attendues en 2020 ?
En 2020, les Gafa vont devoir réaffirmer leur capacité d’innovation, parfois « folle », dans tous les domaines. Voiture autonome, cerveau connecté, conquête de l’espace, réalité virtuelle… sont autant de chantiers.
Entre eux, c’est à celui qui surprendra le plus avec une innovation hors norme. Facebook cherche carrément à supprimer la commande manuelle des smartphones et des ordinateurs, avec, à terme, un bracelet décodant l’activité des neurones en signaux numériques. La simple intention de poster une photo sur Instagram… suffirait à déclencher l’action !
Google lui met les bouchées doubles sur la voiture autonome, après l’acquisition d’une start-up britannique qui apprend aux machines à répliquer le comportement des humains. Le géant de Mountain View espère ainsi améliorer la réaction de ses véhicules autonomes en cas d’événement imprévu, par exemple lorsqu’un piéton traverse subitement la rue.
Amazon, pour sa part, a promis de lancer « dans les prochains mois » son nouveau drone autonome et électrique, Prime Air, qui pourra livrer les colis aux clients situés dans un rayon de 24 kilomètres en seulement…une demie-heure.
Apple travaille sur un casque de réalité augmentée, alors que l’entreprise se renforce dans les jeux vidéos avec Arcade et les contenus avec Apple TV+. L’appétit d’Apple pour la réalité augmentée est devenu encore plus manifeste fin 2019 avec le rachat de la start-up Ikinema, son huitième rachat dans ce secteur au cours des dernières années.
Il faut aussi s’attendre à des prouesses côté puissance de calcul. Google a ainsi revendiqué avoir atteint la « suprématie quantique » en mettant au point un algorithme qu’un ordinateur classique est incapable de faire tourner, provoquant un bras de fer avec IBM, qui conteste l’avancée de son concurrent.
La maison du futur devrait aussi être un enjeu important. Mouvement fort dans ce secteur où les Gafa ont longtemps été rivaux avec des écosystèmes concurrents (Assistant pour Google, Siri chez Apple et Alexa côté Amazon) : les trois géants viennent de faire la paix pour élaborer d’ici à la fin 2020 un protocole commun. Objectif : pouvoir piloter les différents objets connectés de la maison depuis n’importe quelle interface, et supprimer ainsi les problèmes actuels d’incompatibilité, dans ce secteur en pleine explosion. Un vrai changement d’ère…
Véronique Le Billon et Nicolas Rauline à New York, Anaïs Moutot à San Francisco, Sébastien Dumoulin, Raphaël Balenier
Meaningful Business: 30 multinationales américaines demandent à Amazon et Apple de mettre la planète avant leur profit
Dans une pleine page de publicité publiée dans le New York Times, plus de 30 patrons de grands groupes américains exhortent à plus de morale dans le business.

La démarche est suffisamment étonnante pour être remarquée. Plus de 30 multinationales américaines, dont Danone, Ben & Jerry’s, Patagonia ou The Body Shop ont publié hier dans le New York Times une pleine page de publicité pour lancer un appel aux puissants membres de Business Roundtable, un lobby qui regroupe plus de 150 dirigeants des plus grandes entreprises US, dont Amazon et Apple. Ce dernier a publié il y a une semaine un manifeste affirmant notamment : « les principaux employeurs investissent dans leurs travailleurs et leurs communautés, car ils savent que c’est le seul moyen de réussir à long terme. Ces principes modernisés reflètent l’engagement indéfectible du monde des affaires de continuer à faire pression pour une économie au service de tous les Américains. »
La trentaine de dirigeants qui signent la tribune prennent au mot Business Roundtable et exhortent ses membres à tenir leurs engagements. Ils déclarent ainsi, selon The Guardian : « nous sommes des entreprises performantes qui respectent les normes les plus strictes en matière d’impact positif vérifié pour nos travailleurs, nos clients, nos fournisseurs, les communautés et l’environnement. Nous fonctionnons avec un meilleur modèle de gouvernance d’entreprise – ce qui nous donne, et pourrait vous donner, un moyen de lutter contre le court terme et la liberté de prendre des décisions pour équilibrer profit et objectif. » Certifiées B Corp, ces entreprises encouragent fortement le lobby visé à les rejoindre et à pousser plus loin leurs efforts, comme ils se sont engagés à le faire dans leur récent manifeste. Andrew Kassoy, le co-fondateur de B Lab, l’association qui s’occupe du label, est très positif sur l’élan que cela pourrait donner à l’économie américaine : « c’est un changement culturel important et, certaines des plus grandes multinationales américaines reconnaissent le problème de la primauté des actionnaires (gagner autant d’argent que possible pour les investisseurs). Ils reconnaissent que cela ne produit pas le bon type de progrès économique, de lutte contre les inégalités ou le changement climatique, comme nous le souhaiterions. »
Simple publicité mal placée ou réelle prise de conscience ? Ce dialogue entre acteurs mondiaux de l’économie montre en tout cas que le sujet ne peut plus être ignoré, notamment par les entreprises majeures du numérique.
“Alexa, is there anything good happening on Prime Day this year?” “…Did you check eBay?”
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Ebay has thrown down the gauntlet to Amazon announcing its very own “blockbuster” sales event to troll its online rival.
In an effort to cash in on the Amazon Prime day hype, Ebay has said it is set to launch a “Crash Sale”, a thinly veiled dig at Amazon’s propensity to crash during its Prime Day event, thought to have cost it around $90 million last year.
Ebay will offer discounts of up to 50 per cent on leading technology brands including Apple, Samsung, KitchenAid, Garmin and LG during Amazon’s 48-hour Prim Day event beginning on July 15.
However, if Amazon should crash during the event, Ebay has promised to pile on more “too-good-to-be-true” deals to abate shoppers need for a tech bargain.
This forms part of a wider sales event for Ebay, which will be offering deals of up to 85 per cent off certain items for three weeks starting July 1, including robot vacuums, stand mixers, smart home gear and more.
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From July 1 – 7 this will take the form of “July 4th Savings”, followed by “Hot Deals for Hot Days” from July 8 -22 which will include daily deals on tech, appliances and smart home devices.
“Ebay is primed to deliver exactly what shoppers want during this year’s crash (sale),” vice president of Ebay Americas Jay Hanson said.
“July has become a massive shopping season, and our summer sales include blockbuster deals that will not disappoint.”
“Amazon va favoriser le rapprochement du retail et de la publicité”
Guillaume Planet, VP media & digital marketing du Groupe SEB, et ancien directeur d’agences médias (Havas, Fullsix, Dentsu Aegis…), livre son analyse sur les bouleversements du secteur publicitaire causés par le déploiement des activités publicitaires d’Amazon.
En dévoilant, lors de ses différentes communications financières depuis début 2018, des chiffres de ventes publicitaires en très forte progression, pour ne pas dire bluffants – plus ou moins 4,2 milliards de dollars sur les six premiers mois de l’année – Amazon a officialisé son arrivée parmi les grands acteurs du marché publicitaire. Le cabinet eMarketer prévoit même que le groupe devienne dès 2018 le troisième acteur de la publicité en ligne aux Etats-Unis, devant Microsoft et Oath.
source: https://www.mindnews.fr/article/13318/amazon-va-favoriser-le-rapprochement-du-retail-et-de-la-publicite/
Et ce n’est qu’un début. Car les passerelles entre ses activités de distributeur de produits en ligne et ses activités publicitaires lui offrent des perspectives énormes.
Si on s’arrête sur le secteur du retail, on peut supposer que les développements d’Amazon vont créer des vocations chez les autres acteurs tant cette évolution du modèle est intelligente. Elle s’appuie sur plusieurs leviers :
1 – Un avantage concurrentiel
Amazon a un double avantage concurrentiel avec les autres vendeurs d’espaces publicitaires : une possession massive de data transactionnelles, associée à une position de clients et non de fournisseurs vis-à-vis des marques qui achètent ces espaces publicitaires.
2 – Un cercle vertueux achat – data – publicité
Amazon jouit d’un cercle vertueux d’investissements publicitaires financés par les marques qui drivent un trafic très qualifié grâce à la data, nourrit le core business de vente des retailers, et alimente encore plus en data qui vont elles même nourrir le volet publicitaire.
3 – Un levier de marge
L’activité publicitaire, surtout avec ses actifs présentés plus haut, offre surtout à Amazon des perspectives de profitabilité élevée, alors que l’activité de négoce l’est peu par nature.
Quel impact sur le marché publicitaire ?
L’impact du développement d’Amazon sur la publicité est triple concernant le secteur :
1 – Les plateformes suivent le même sillon
Les autres acteurs en devenir vont devoir se rapprocher du monde du retail. Google en fait une priorité comme le montre les récents partenariats avec Wallmart et Carrefour et l’investissement dans JD.com. Tencent en fait de même, et Facebook s’y intéresse aussi très probablement, comme le montre la place de marché actuellement en test sur la plateforme.
En effet, les opportunités sont grandes pour ces acteurs en termes de data très pertinentes pour nourrir l’efficacité des solutions proposées. Le retail ouvre aussi accès à d’autres types de budgets marketing des marques : les fameux budgets “BTL”, dédiés aux points de ventes, souvent supérieurs aux budgets publicitaires.
2 – Des opportunités pour de nouveaux acteurs
Ces développements du marché derrière Amazon créent des opportunités pour de nouveaux types d’acteurs pure players de la publicité retail, par exemple Criteo.
3 – Les médias encore plus marginalisés
Mais Amazon pousse surtout un peu plus les acteurs historiques de la vente d’espace publicitaire – je parle ici des médias traditionnels – vers un rôle plus marginal sur ce modèle économique. Ces derniers, déjà chahutés par Google et Facebook, font face à un nombre croissant de concurrents mieux armés pour profiter des transformations du secteur de la publicité : ils sont riches en data ultra-pertinentes, matures en expertises digitales et data, possesseurs d’infrastructures techs sophistiquées, et hyper-puissants financièrement.
Face à cette nouvelle donne, les médias prennent de plus en plus le sujet dans le bon sens. Après une période de déni et de diabolisation des GAFA, ils cherchent maintenant de plus en plus à investiguer de nouveaux modèles économiques et revoient leur relation avec Google et Facebook, qui doivent être assimilés à des partenaires pour contribuer à engager au mieux leurs audiences.
Quelle réaction pour les grands distributeurs ?
Les retailers réagissent différemment. Ils ont étonnamment tendance à se rapprocher immédiatement de leurs nouveaux concurrents : Wallmart et Carrefour pactisent avec Google, Carrefour avec Tencent, Auchan avec Alibaba, Monoprix avec Amazon… Leur objectif est d’apprendre à travers ces partenariats, mais les risques sont évidemment importants.
Quels sont-ils ? Que Monoprix perde l’accès à la data, moteur du nouveau modèle vertueux du retail en s’associant à la market place d’Amazon. Que Carrefour et Wallmart offrent potentiellement à un futur concurrent – au minimum sur le volet publicitaire -, Google, l’opportunité de développer sa courbe d’expérience dans l’univers du retail. Enfin qu’Auchan prend le risque de donner les clés de compréhension de nouveaux marchés cible pour Alibaba.
Le rapprochement avec des acteurs certes matures en digital et data, mais moins menaçants (de type Criteo, par exemple sur le volet publicitaire) serait probablement une démarche moins risquée pour apprendre les nouveaux codes de ce secteur.
Power of recomendation: More than 50% of Amazon shoppers aren’t willing to go beyond the second page when searching for a product
Customers continue to visit Amazon to discover new products or brands, yet their decisions are seldom influenced by digital ads seen on the site.
source: https://www.chainstoreage.com/technology/study-majority-amazon-shoppers-not-influenced-digital-ads/
When customers visit Amazon, 65% said they don’t even notice the ads featured, while 25% find them “useful or relevant,” according to the “2018 Amazon Shopper Behavior Study: How Shoppers will Browse and Buy on Amazon,” a report from CPC Strategy.
According to the data, Amazon continues to improve its native advertising experience for shoppers, a move that ensures the company is helping consumers to find the right product, for the right price, at the right time. It also means additional digital ads are not paramount to driving sales.
For example, more than 50% of Amazon shoppers aren’t willing to go beyond the second page when searching for a product. Meanwhile, they are more open to trying new products, as 80% are open to “occasionally” or “frequently” trying new products or brands on Amazon. This is a huge jump from 50% last year. And customer reviews are not spurring this curiosity, as approximately 80% of these customers don’t entirely trust Amazon’s customer reviews.
Despite Amazon being their “go-to” shopping source however, 74.8% of Amazon shoppers still price check on other sites.
When customers are ready to make a purchase with Amazon, more shoppers are open to using voice-enabled devices. In fact, 14.2% of Amazon customers made a purchase via a voice-enabled device in the last six months, and 61.3% of voice-enabled device owners have an Amazon Dot or Echo, the study said.
“We expected that some Amazon shoppers owned Amazon’s voice enabled devices, and had made purchases using Alexa, but we weren’t prepared to see numbers like this so early into the game,” said Nii Ahene, COO and cofounder of CPC Strategy. “The battle for ultimate marketplace dominance isn’t over, but Amazon is off to an early lead.”
Retail Revolution: Inside Amazon Go, a Store of the Future
The technology inside Amazon’s new convenience store, opening Monday in downtown Seattle, enables a shopping experience like no other — including no checkout lines.
Source: https://www.nytimes.com/2018/01/21/technology/inside-amazon-go-a-store-of-the-future.html?partner=IFTTT
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SEATTLE — The first clue that there’s something unusual about Amazon’s store of the future hits you right at the front door. It feels as if you are entering a subway station. A row of gates guard the entrance to the store, known as Amazon Go, allowing in only people with the store’s smartphone app.
Inside is an 1,800-square foot mini-market packed with shelves of food that you can find in a lot of other convenience stores — soda, potato chips, ketchup. It also has some food usually found at Whole Foods, the supermarket chain that Amazon owns.
But the technology that is also inside, mostly tucked away out of sight, enables a shopping experience like no other. There are no cashiers or registers anywhere. Shoppers leave the store through those same gates, without pausing to pull out a credit card. Their Amazon account automatically gets charged for what they take out the door.
On Monday, the store will open to the public for the first time. Gianna Puerini, the executive in charge of Amazon Go, recently gave tours of the store, in downtown Seattle. This is a look at what shoppers will encounter.
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There are no shopping carts or baskets inside Amazon Go. Since the checkout process is automated, what would be the point of them anyway? Instead, customers put items directly into the shopping bag they’ll walk out with.
Every time customers grab an item off a shelf, Amazon says the product is automatically put into the shopping cart of their online account. If customers put the item back on the shelf, Amazon removes it from their virtual basket.
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The only sign of the technology that makes this possible floats above the store shelves — arrays of small cameras, hundreds of them throughout the store. Amazon won’t say much about how the system works, other than to say it involves sophisticated computer vision and machine learning software. Translation: Amazon’s technology can see and identify every item in the store, without attaching a special chip to every can of soup and bag of trail mix.
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There were a little over 3.5 million cashiers in the United States in 2016 — and some of their jobs may be in jeopardy if the technology behind Amazon Go eventually spreads. For now, Amazon says its technology simply changes the role of employees — the same way it describes the impact of automation on its warehouse workers.
“We’ve just put associates on different kinds of tasks where we think it adds to the customer experience,” Ms. Puerini said.
Those tasks include restocking shelves and helping customers troubleshoot any technical problems. Store employees mill about ready to help customers find items, and there is a kitchen next door with chefs preparing meals for sale in the store. Because there are no cashiers, an employee sits in the wine and beer section of the store, checking I.D.s before customers can take alcohol off the shelves.
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Most people who spend any time in a supermarket understand how vexing the checkout process can be, with clogged lines for cashiers and customers who fumble with self-checkout kiosks.
At Amazon Go, checking out feels like — there’s no other way to put it — shoplifting. It is only a few minutes after walking out of the store, when Amazon sends an electronic receipt for purchases, that the feeling goes away.
Actual shoplifting is not easy at Amazon Go. With permission from Amazon, I tried to trick the store’s camera system by wrapping a shopping bag around a $4.35 four-pack of vanilla soda while it was still on a shelf, tucking it under my arm and walking out of the store. Amazon charged me for it.
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A big unanswered question is where Amazon plans to take the technology. It won’t say whether it plans to open more Amazon Go stores, or leave this as a one-of-a-kind novelty. A more intriguing possibility is that it could use the technology inside Whole Foods stores, though Ms. Puerini said Amazon has “no plans” to do so.
There’s even speculation that Amazon could sell the system to other retailers, much as it sells its cloud computing services to other companies. For now, visitors to Amazon Go may want to watch their purchases: Without a register staring them in the face at checkout, it’s easy to overspend.
Nick Wingfield is a technology correspondent based in Seattle. He covers Amazon, Microsoft and emerging technologies and has written on technology’s impact on economies in the Pacific Northwest. He was previously a reporter at The Wall Street Journal. @nickwingfield
A version of this article appears in print on , on Page B1 of the New York edition with the headline: Inside Amazon’s Store of the Future. Order Reprints | Today’s Paper | Subscribe
The 10 tech companies that have invested the most money in AI of the tech giants. Google is the biggest investor in AI by billions.
- Google has invested the most in artificial intelligence (AI) out of the tech giants, according to research from RS Components.
- Since the first acquisition in 1998, tech giants have spent nearly $8.6 billion on AI startups.
Google has invested the most money in artificial intelligence (AI), according to research from RS Components. Tech giants have disclosed nearly $8.6 billion in acquisitions since 1998.
The company has spent nearly $3.9 billion in disclosed deals since 2006, with the bulk of that spent in its 2014 acquisition of Nest Labs for $3.2 billion. The Nest Labs purchase was the single largest disclosed investment on RS Components’ list, which includes 103 startup purchases across 15 tech giants.
Here are the top 10 tech companies based on how much they’ve spent acquiring AI startups where the price was disclosed.
1. Google – $3.9 billion
2. Amazon – $871 million
3. Apple – $786 million
4. Intel – $776 million
5. Microsoft – $690 million
6. Uber – $680 million
7. Twitter – $629 million
8. AOL – $191.7 million
9. Facebook – $60 million
10. Salesforce – $32.8 million
Google continued its domination in total number of acquired startups, investing in 29 since its first, Neven Vision, in 2006. Apple grabbed second with 14, and Microsoft was third with nine.
Microsoft was the first to invest in AI, spending $40 million on Firefly Network in 1998. Google was next to invest, but didn’t do so for another eight years.
Here are the eight single biggest disclosed investments in AI startups to date.
1. Nest Labs – $3.2 billion
2. Kiva Systems – $775 million
3. Otto – $680 million
4. Deep Mind – $500 million
5. TellApart – $479 million
6. Movidius – $400 million
7. Nervana – $350 million
8. SwiftKey – $250 million
The pace and price of startup acquisitions are unlikely to drop as AI continues to grow as a technology.
Google launches a new directory to help you discover Assistant actions (Source: TechCrunch)

source: https://techcrunch.com/2018/01/08/google-launches-a-new-directory-to-help-you-find-assistant-action/?ncid=rss&utm_source=tcfbpage&utm_medium=feed&utm_campaign=Feed%3A+Techcrunch+%28TechCrunch%29&sr_share=facebook
Google says you can now perform more than a million actions with the Google Assistant. Those range from looking up photos with Google Photos to starting a meditation session from Headspace. But one problem with voice assistants is that it’s very hard to discover which actions you actually can perform. For many users, that means they use their Google Home or Alexa to set a few timers and maybe play music, without ever realizing what else they can do.
To help its users a bit, Google is launching a new directory page for the Google Assistant today. This is part of a slew of Assistant-related announcements at CES today; while it’s probably not the most important (those smart displays sure look nice, after all), it’s nevertheless a useful new tool, especially for new users.
It’s been almost exactly a year since Google enabled third-party actions, and while Google can’t boast the same numbers of third-party support as Amazon, there’s clearly a lot of developer interest in building these actions. And to make talking about them a bit easier, Google is also now calling its first-party actions… wait for it… “actions.”
FEATURED IMAGE: BLOOMBERG/GETTY IMAGES