Spotify, Deezer, Apple Music : anatomie d’une révolution

Né en 2007 dans le scepticisme général, le streaming a ressuscité un marché musical donné pour mort au début des années 2000. Ce nouveau mode de consommation légal a totalement changé la donne pour les chanteurs-compositeurs, de leur rémunération à la manière de créer. Enquête au long cours sur un sujet sensible qui véhicule beaucoup de clichés.

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L’Américain Lil Pump. Ses titres courts sont parfaits pour les nouveaux modes d’écoute. (©Steven Ferdman/REX//SIPA)

 

Par Isabelle Lesniak (Chef de service Les Echos Week-End)
Publié le 7 févr. 2020 à 7h23Mis à jour le 7 févr. 2020 à 7h24

Séquence vue à la Philharmonie de Paris, le 11 novembre dernier. À peine sorti de scène, un Etienne Daho tout émoustillé par la version euphorisante de Get Off My Case qu’il vient d’interpréter avec les Comateens discute avec un responsable de son label. Est évoquée la possibilité de ressortir ce titre survolté en un « feat » – la dénomination moderne du duo – qui pourrait gagner une nouvelle vie en streaming et séduire une audience qui n’était pas née en 1983, à la sortie du tube dance du groupe new-yorkais. Le chanteur doute : « Ca ne marche que pour le rap, non ? »Les rappeurs, grands vainqueurs de la révolution du streaming ? S’en tenir là serait réducteur. Car ce nouveau mode de consommation légal, né il y a douze ans malgré le scepticisme du milieu, a réalisé l’exploit de ressusciter tout un marché donné pour mort dans les années 2000 .

source: https://www.lesechos.fr/tech-medias/medias/spotify-deezer-apple-music-anatomie-dune-revolution-1169946

« C’est la réinvention la plus cruciale de la musique depuis le gramophone et la radio », s’exclame le journaliste Sophian Fanen, qui a retracé l’épopée de ce secteur ô combien chahuté dans Boulevard du stream : du MP3 à Deezer, la musique libérée (éd. Castor Astral). Le nouveau modèle économique, basé sur les abonnements payants et non un système gratuit financé par la publicité, a démontré sa pérennité : voilà quatre ans que le marché mondial de la musique enregistrée progresse grâce au streaming – seulement trois en France -, certes sans retrouver les sommets du début des années 2000.

Les rappeurs trustent les écoutes

Pour autant, tous les artistes et genres n’en profitent pas de la même façon . En France encore plus qu’ailleurs, le streaming a accompagné l’explosion de l’urbain local, cette musique des quartiers et des banlieues si longtemps négligée par les radios et les médias. En 2019, Ninho, PNL, Nekfeu, Jul, Niska ont encore monopolisé les « top écoutes » sur Spotify et Deezer, quand un trio de rappeurs made in France (Gradur, SCH, Gambi) trustait le podium chez Apple Music.

Chez les filles, si la grande gagnante, Angèle, relève plus de la chanson francophone au sens large, sa dauphine, Aya Nakamura, a un profil totalement « urbain » et une base de fans jeunes qui se passent ses singles frénétiquement. Son tube de l’été, Djadja, a été écouté 84,5 millions de fois, bien au-delà du seul Hexagone. Pas nécessaire de savoir ce que signifient « catchana » ou « tchouffer » pour se déhancher sur ce morceau entraînant. Même les danseurs de Madonna le pratiquent à l’entracte de leur spectacle à Las Vegas. À l’inverse d’un Coldplay, encore très dépendant du CD, l’explosive ressortissante d’Aulnay-sous-Bois doit sa jeune carrière au streaming, qui représente 70% des ventes de son album.

Aya Nakamura, star française des plateformes grâce à ses jeunes fans accros au streaming.
Aya Nakamura, star française des plateformes grâce à ses jeunes fans accros au streaming.©VILLARD/SIPA

Pour Ninho, dont l’album « Destin » a été le disque le plus écouté l’an dernier dans l’Hexagone, le ratio monte même à 88% ! La polarisation est bien plus marquée dans les « charts » en France qu’aux Etats-Unis. Selon le site Alpha Data Music, outre-Atlantique le streaming s’étend aussi à la pop, au rock et à l’inaltérable country. La palme de la chanson du xxe siècle la plus streamée au monde ne revient pas à un tube de rap mais à Bohemian Rhapsody, qui a connu une deuxième jeunesse grâce au biopic sur Queen, quarante-trois ans après sa naissance…

Une prime aux artistes prolifiques

Bien qu’elles en agacent beaucoup, ces affinités électives entre le streaming et l’urbain n’ont rien d’étonnant. Alors que Francis Cabrel ou Jean-Jacques Goldman n’ont rejoint que tardivement – et à contrecoeur – la longue liste des convertis (Taylor Swift , Prince, AC/DC, les ayants droit des Beatles, etc.), « ce sont les rappeurs qui ont, les premiers, embrassé de manière proactive le changement de mode de consommation, souligne Romain Vivien, le dynamique directeur général du label indépendant en pointe Believe, qui présidera vendredi prochain les Victoires de la Musique. Ils l’ont fait de la plus intelligente des manières, en produisant et prenant la parole à un rythme soutenu pour activer, développer et impliquer en permanence leur communauté. » Idéal pour remonter dans les algorithmes, très favorables aux artistes prolifiques qui interagissent souvent avec leur importante base de fans…

Le rappeur français Jul, l'un des chanteurs les plus écoutés sur Spotify et Deezer en France.
Le rappeur français Jul, l’un des chanteurs les plus écoutés sur Spotify et Deezer en France.©fifou

Dans ce contexte, Jul, avec ses seize albums en cinq ans (rééditions incluses), l’emporte forcément sur un Alain Souchon ou un Francis Cabrel, aux sorties très espacées. Avec des productions bourrées de singles potentiels, les rappeurs maximisent leurs chances de doper les écoutes et de décrocher les précieuses certifications (disques d’or, de platine, etc.). Ils tirent au mieux parti d’un système qui favorise les entrées fulgurantes dans le Top 200 avec des « tracks » nombreux, courts et accrocheurs, en radio comme en streaming – une écoute de moins de trente secondes n’y est pas monétisée.

Des singles de deux minutes

L’époque n’est plus aux intros à rallonge. Un titre de Lil Pump dure à peine deux minutes et son mantra est martelé dès les premières secondes – loin des atmosphériques prolégomènes du fameux Where the Streets Have No Name de U2. « Dès qu’il a une mélodie et deux accords, Jul balance le son. Il ne s’encombre pas de modulations ou d’arrangements, se fiche de savoir si la caisse claire lui plaît ! », constate l’auteur-compositeur-interprète Da Silva, qui vient de sortir son septième album solo, « Au revoir chagrin », tout en travaillant pour Soprano ou Jenifer.

Les révélations du rap lui semblent souvent, toutefois, des étoiles filantes aux tubes éphémères, avec lesquelles le public entretient « un flirt plutôt qu’une histoire d’amour »« Aucun artiste de rap depuis Diam’s n’a vendu l’équivalent d’un million d’albums », rappelle également Olivier Nusse, président du SNEP (le Syndicat national de l’édition musicale), par ailleurs patron d’Universal Music France.

L'Anglais Ed Sheeran. Sa chanson Shape Of You a été le titre le plus streamé des années 2010.
L’Anglais Ed Sheeran. Sa chanson Shape Of You a été le titre le plus streamé des années 2010.©Sergei Bobylev/Tass/ABACAPRESS.COM

Ce qui n’empêche pas les rois du streaming, quel que soit leur genre, de remplir l’AccorHotels Arena ou le Zénith. Deuxième artiste le plus écouté de la décennie sur Spotify, derrière Drake, Ed Sheeran reconnaît qu’il ne jouerait pas à guichets fermés en Amérique du Sud et en Asie du Sud-Est sans la plateforme suédoise. Le chanteur anglais peut se targuer d’avoir entonné le titre le plus streamé des années 2010, Shape of You (2,3 milliards d’écoutes), qui à lui seul lui aurait rapporté plus de 10 millions de dollars, juste sur Spotify.

Idem pour Petit Biscuit. Cet ado rouennais a, après le bac, vécu un conte de fées avec Sunset Lover . Ce titre qu’il avait initialement posté sur YouTube a été « travaillé pendant deux années non-stop » par son distributeur, Believe, de manière à le mettre en avant sur les plateformes audio. Intégrée dans les bonnes playlists, françaises puis américaines, la jeune star de l’électro s’est créé une vraie communauté de fans et a converti son carton d’audience en une tournée américaine avant même d’enregistrer un album. L’aventure s’est achevée, en 2018, au festival de Coachella aux côtés de Beyoncé !

« Il y a des sous dans la musique »

Pour autant, un gros coup sur les plateformes n’est pas une condition pour y faire son trou durablement. « Ofenbach a réalisé sur la durée des scores supérieurs à beaucoup de rappeurs. ‘Be Mine’ a été écouté 200 millions de fois sur Spotify alors que le titre n’est jamais entré dans le Top 10 streaming », raconte l’enthousiaste manager du groupe, Tommy Gin, qui ne peut que se réjouir de la manne que constitue le streaming pour « sa génération qui a grandi avec l’idée qu’il n’y avait plus de sous dans la musique ». Si les Parisiens d’Ofenbach sont nés avec ce système qui sert leurs intérêts, leurs aînés sont nettement plus déstabilisés. « Dans le modèle du CD, on était dans la vente à l’acte, alors qu’aujourd’hui, on paye un service », analyse Vincent Frèrebeau, patron du label indépendant Tôt ou Tard.

Lui qui produit Vincent Delerm, encore majoritairement vendu en physique, comme Vianney, dont la popularité s’exprime aussi dans les streams, fait beaucoup d’efforts pour rassurer ses artistes : « Aussi longtemps qu’un consommateur écoutera leur chanson, il la rémunérera. À long terme, la rentabilité est protégée. » Pour Stéphane Le Tavernier, l’ex-patron historique de Sony Music France qui a quitté ses fonctions le mois dernier, le cas est entendu : « Les artistes qui ont des standards ne peuvent qu’être gagnants. Le streaming est fait pour un Jean-Jacques Goldman qui, même s’il ne sort pas de nouveautés, a derrière lui une carrière longue parsemée de ces chansons qu’on écoutera toute une vie. »

Drake, qui a fait ses débuts en 2006, fait désormais partie de cette catégorie. L’an dernier, le Canadien a été le deuxième artiste le plus streamé aux Etats-Unis (6,35 milliards de fois), et si on n’a pas d’information sur ses revenus de 2019, certains estiment qu’en 2018 il a touché au total 17 millions de dollars des différentes plateformes. La même année, Beyoncé aurait perçu autour de 4 millions de dollars.

Des revenus étalés dans le temps

Un changement de logiciel radical pour la génération habituée à ne scruter que ses ventes physiques. Comme l’écrit Sophian Fanen : « Quand un CD ou un téléchargement générait une très large partie de ses revenus les deux premières semaines, le streaming impose un temps beaucoup plus distendu […]. Il faut des années pour construire un tapis de revenus qui commence à peine à prendre forme chez beaucoup d’artistes. »

Intarissable sur ce sujet sensible, Thierry Chassagne, le patron de Warner Music France, le résume à sa façon : « Autrefois, un artiste sortait un album puis partait en tournée, ce qui l’occupait pendant dix-huit mois. Jusqu’à son nouveau disque, un an et demi plus tard, il ne percevait souvent aucunes royalties ! » Aujourd’hui, au contraire, le streaming assure à ceux qui savent gérer leur audience une ressource faible (voir encadré p. 15) mais régulière, qu’il faut calculer sur plusieurs années alors que, à l’ère du CD, 80% des revenus étaient réalisés sur les deux premières années.

New Soul de Yael Naim – sorti en 2007 à l’heure où le pionnier, Deezer, finalisait ses premiers accords légaux – peut ainsi se prévaloir de 110 millions de streams, dopé par son utilisation par Apple dans la publicité du MacBook Air. Certains artistes ont très bien compris les avantages du nouveau système. Julien Doré est passé maître dans l’art d’animer sa communauté, notamment via ses tweets inimitables. De quoi lui éviter le trou d’air dont souffrent de nombreux représentants de sa génération. Il vend autant en streaming qu’en physique, sauf à la sortie de ses albums, où les CD l’emportent.

Le pouvoir des « synchros »

La rencontre entre un artiste et le public prend souvent des chemins détournés. Rien de plus facile que d’identifier sur Shazam un titre entendu dans une publicité, une série ou un magasin et de l’intégrer à sa bibliothèque. Combien d’artistes ont ainsi été découverts par de vastes audiences via leur « synchro » pour de grandes marques, du Makeba de Jaïn choisi par Levi’s au Come Out and Play de Billie Eilish, retenu par Apple ?

L'Américaine Billie Eilish fut découverte par le grand public grâce à son titre Come Out and Play, bande-son d'une publicité d'Apple largement 'shazamée'.
L’Américaine Billie Eilish fut découverte par le grand public grâce à son titre Come Out and Play, bande-son d’une publicité d’Apple largement ‘shazamée’.©DPA / Photononstop

Depuis, la jeune prodige californienne de 18 ans est devenue un phénomène, raflant cinq Grammy Awards fin janvier. D’après le magazine Billboard, elle a engrangé plus de 8 millions de dollars grâce à ses streams sur les quatre premiers mois de 2019 – loin encore d’Ariana Grande, en tête des écoutes au début de l’an dernier, ce qui lui aurait valu d’empocher plus de 12 millions de dollars sur la même période.

Quelle ne fut pas la surprise de Da Silva lorsque, chargé de réaliser l’album des derniers candidats en lice de Nouvelle Star, il les a invités à dévoiler leurs playlists personnelles : « Du Jay-Z et du Rihanna, mais aussi des morceaux des années 1960. »« Les jeunes actuels sont beaucoup plus ouverts que ceux de ma génération, se réjouit le chanteur de L’IndécisionNous avions sans doute une connaissance plus approfondie des discographies mais ni autant de curiosité ni de moyens pour découvrir d’autres styles. La génération née avec Internet visite le passé beaucoup plus en profondeur. »

Des millions de titres sur un smartphone

L’épaisseur des catalogues des plateformes, qui ont payé au prix fort les joyaux des majors, le permet. Avec une offre allant de 35 millions de morceaux chez Spotify à 60 millions chez Apple Music, « on a accès quand et où on veut à l’inventaire quasi-complet d’un artiste pour 9,99 euros par mois, rappelle Thomas Duglet, en charge d’Amazon Music pour la France, l’Italie et l’Espagne. La mauvaise qualité du son, jadis ultra-compressé pour compenser la faible capacité de stockage des appareils, sera bientôt un mauvais souvenir. »

Sa plateforme, qui talonne désormais Apple Music avec 55 millions d’abonnés, propose même sur quatre marchés une offre HD garantissant une qualité digne d’un CD sans compression ni perte – Neil Young, longtemps réfractaire au streaming, s’est dit conquis !

Se placer dans les playlists influentes

Si produire de la musique enregistrée n’a jamais été aussi facile, c’est la faire exister qui se révèle problématique. Comment émerger face à des dizaines de milliers d’artistes sur des sites où chacun est en concurrence directe avec toute l’histoire de la musique ? Les responsables de l’éditorial des plateformes jouent un rôle tel que les labels redoublent d’efforts pour leur « pitcher » leurs artistes.

« Hier, on négociait avec la Fnac ou Leclerc pour obtenir un prix vert, de la publicité sur le lieu de vente ou une vignette album dans un catalogue, se souvient Romain Vivien, qui a notamment travaillé chez EMI avant de rejoindre Believe. Aujourd’hui, même si ce travail avec le monde physique se poursuit, on tente aussi de persuader les plateformes d’intégrer nos artistes dans les playlists influentes, d’afficher leurs visuels, de s’associer au marketing et à la promotion des projets. »

Le rappeur français Ninho. Son album Destin a été le plus streamé l'an dernier dans l'Hexagone.
Le rappeur français Ninho. Son album Destin a été le plus streamé l’an dernier dans l’Hexagone.©Pierre Perusseau / Bestimage

Bien placer un « track » est devenu le nerf de la guerre. Tommy Gin s’en est convaincu avec Ofenbach et son autre poulain électro Feder : « L’idéal est de voir un titre exposé sur une playlist d’entrée comme la New Music Friday de Spotify puis sur une liste intermédiaire comme les Future Hits avant de terminer sur les très exposées Hits du Moment en France ou Swag ! en Allemagne. » Et on peut toujours rêver de se retrouver sur le Today’s Top Hits ou le Rap Caviar de Spotify, qui ont le pouvoir de lancer une carrière !

Des contrats top secret

Maintenant que le streaming a prouvé la viabilité de son modèle économique, des voix s’élèvent pour améliorer son fonctionnement. Le principe de répartition initié par Deezer en 2007 dans ses négociations avec la Sacem et les labels s’est, depuis, généralisé aux autres acteurs. « Nous reversons 70% de notre chiffre d’affaires hors taxes aux ayants droit : là-dessus, 80% vont aux auteurs, compositeurs et producteurs et 20% aux éditeurs », précise le patron France, Alexis de Gemini.

Si la manière dont les éditeurs répartissent ensuite l’argent, régie par la Sacem, est transparente (un tiers à l’éditeur, un tiers au compositeur, un tiers à l’auteur), la part obtenue par les producteurs redescend de façon variable vers les artistes. Tout dépend du pouvoir de négociation de ces derniers avec leur label et du type d’accord signé, contrat d’artiste traditionnel ou de distribution. Un territoire top secret : « Contrairement à ce qui se passe dans le foot, les accords dans la musique sont confidentiels », rappelle Thierry Chassagne.

Le mode de répartition en place provoque un virulent débat. Depuis douze ans, c’est le système du « market share centric », adopté à l’origine pour des raisons pratiques, qui prévaut sur la quasi-totalité des plateformes. Un artiste est rémunéré à hauteur de sa part de marché globale. « Qu’un artiste soit joué en boucle par les 13-25 ans qui ont le plus de temps à consacrer au streaming et il rafle les revenus globaux grâce à son volume d’écoutes », dénonce Alexis de Gemini.

Le « user centric », la croisade de Deezer

À l’heure actuelle, le système profite surtout au rap . Tant pis pour la diversité. Deezer, qui milite depuis deux ans pour une réforme, a mis en ligne un calculateur permettant à chaque abonné de comprendre à qui va son argent. Malaise garanti lorsque l’on s’aperçoit que 98% d’un prélèvement mensuel part chez des artistes qu’on n’a jamais écoutés ! Le simulateur permet aussi de visualiser ce qui changerait avec le modèle « user centric » – basé sur les écoutes individuelles – préconisé par la société française. Si le système pouvait techniquement être mis en place – ce dont doutent certains acteurs – l’argent de bien des quinquas serait sans doute redirigé du rap vers la pop ou le rock…

L'Américaine Taylor Swift, qui a un temps boycotté les plateformes de streaming, s'y est finalement convertie.
L’Américaine Taylor Swift, qui a un temps boycotté les plateformes de streaming, s’y est finalement convertie.©Erik Pendzich/REX/SIPA

La croisade de Deezer, nouvelle licorne bien placée dans l’Hexagone mais distancée à l’étranger, est loin d’être gagnée. Les labels indépendants français y sont globalement favorables mais les majors demeurent plus divisées, tiraillées entre deux logiques antagoniques. « Elles ont beaucoup investi dans le rap mais ont aussi des labels de niche (jazz, classique) qui ont du mal à se rémunérer dans le système actuel », décrypte Sophian Fanen.

Thierry Chassagne résume bien l’état d’esprit des grandes maisons : « Le streaming est encore très jeune. Avant de changer de système, il faudrait avoir une vraie étude sur les chiffres afin d’apprécier le bien-fondé de la réforme. » C’est au niveau mondial que les jeux se feront. « La France a un rôle à jouer, estime Vincent Frèrebeau. On est un pays de râleurs mais ce n’est pas forcément mauvais. Notre contestation peut attirer l’oreille des autres territoires ! »

Chiffres clés

En France, en 2018 :

5,5 millions d’abonnés payants au streaming audio (+1 million en un an).

Le streaming représente 51% des ventes de musique enregistrée en France.

Les abonnements payants au streaming audio ont généré 243 millions d’euros de chiffre d’affaires, contre 200 millions pour les CD.

2018 a été la troisième année consécutive de hausse du marché de la musique enregistrée, avec +1,8%. Le chiffre d’affaires global est de 590 millions d’euros (à comparer au record de 2002 : 1,432 milliard).

Source : SNEP.

Aux Etats-Unis :

Le streaming représente 82% des ventes de musique enregistrée (au premier trimestre 2019).

Les revenus du streaming ont atteint 5,4 milliards de dollars en 2019 (+14% sur un an).

Sources : Nielsen Music, RIAA.

Les plateformes les plus rémunératrices

Rémunération moyenne, pour 1 000 écoutes, en dollars

1. Napster : 19

2. Tidal : 12,5

3. Apple Music : 7,35

4. Deezer : 6,40

5. Spotify : 4,37

6. Amazon : 4,02.

Selon les chiffres calculés début 2019 par Digital Music News – qui fait autorité malgré des critiques sur sa méthode -, les « petits » sites payent généralement mieux que les gros. Beaucoup de facteurs expliquent ces différences : l’évolution du volume de streams des clients de chaque service, le prix de l’abonnement. Un Spotify qui multiplie les offres commerciales pour recruter le maximum d’abonnés (packs famille, tarifs étudiants, abonnements gratuits à l’essai) fait mécaniquement baisser son taux de rémunération.

Les data au service des artistes

Le streaming permet aux plateformes de récolter un grand nombre de données : performance de chaque titre, bien sûr, mais aussi sexe, âge, localisation des auditeurs. Ces informations complémentaires à celles récupérées sur les réseaux sociaux sont transmises aux artistes, soit par l’intermédiaire de leur label soit directement via des services créés à leur intention : Spotify For Artists, Apple Music for Artists, Deezer Backstage. Metallica s’en sert par exemple pour définir une setlist qui réponde aux attentes des fans en concert. D’autres s’inspirent de la géographie de leur public pour planifier leur tournée ou imaginer des opérations spéciales pour leurs « superfans ». Observer la performance des différents titres d’un album déjà sorti peut aussi aider à choisir le bon single. C’est en remarquant le succès de 40% d’Aya Nakamura, notamment sur Apple Music, que Warner a décidé de le pousser en second single après Soldat plutôt que Claqué, auquel était pourtant attachée la chanteuse.

Par Isabelle Lesniak

Spotify: le pari payant de la commodité pour nous offrir la BO de notre vie !

Dans les coulisses de Spotify, le juke-box 2.0 – TéléObs.

Le tour du propriétaire commence par la table de ping-pong, dépliée au centre d’une cour intérieure, encadrée de grandes baies vitrées. La légende raconte que le chanteur canadien Justin Bieber y aurait infligé une raclée au fondateur du numéro un mondial du streaming musical, Daniel Ek. 

Autour : des bureaux. Une enfilade d’openspace décorés par les salariés, pour la plupart de sexe masculin, la trentaine à peine, en jeans, tee-shirts, baskets, qui pianotent devant leurs écrans, un casque vissé sur la tête. Soixante-huit nationalités sont représentées. Spotify croule sous les candidatures, assure Jamie Smith, son directeur de la communication interne : l’entreprise, présente dans 28 pays, en a reçu 32.000 depuis le début de l’année !

Géant du streaming

Avec 75 millions d’utilisateurs, l’ex-petite firme suédoise est devenue le géant du streaming. Ce service, qui fait trembler une industrie musicale en chute libre, permet d’écouter gratuitement des morceaux sur internet et de se constituer ses playlists. Epouvantail pour certains artistes et producteurs, il est une future vache à lait pour d’autres. Car, si son accès est gratuit, le site reverse des droits aux artistes grâce à une manne publicitaire qu’on annonce gigantesque – Jonathan Forster, directeur pour l’Europe du Nord, rappelle en passant que la pub a rapporté 80 milliards de dollars aux radios privées en 2014, quand les recettes de l’industrie du disque ont atteint… 15 milliards de dollars. Spotify compte aussi 20 millions d’abonnés payants “freemium”, pour un service plus rapide et sans publicité.

Depuis le succès colossal du suédois, la riposte s’organise. Après le rappeur Jay-Z, qui a lancé, en mars dernier, avec ses amis stars Rihanna, Madonna, Daft Punk…, le service payant Tidal – pour l’instant sans grand succès –, c’est au tour du géant Apple d’attaquer avec son application Apple Music, disponible depuis le 30 juin. La marque à la pomme a des atouts de taille : 170 milliards de trésorerie et un milliard d’utilisateurs de son fameux iTunes. Cette offensive n’a pas ébranlé Daniel Ek, qui s’est fendu d’un laconique “Ah ok” sur Twitter avant d’effacer le message.

Car chaque nouvelle annonce d’un concurrent est une occasion à saisir, explique Jonathan Forster :

“Tout d’un coup, on ne parle plus que de streaming. Et comme nous ne faisons pas de grosses campagnes de communication, c’est de la publicité gratuite pour nous.”

Une reconnaissance. “Ça fait dix ans que nous disons que le streaming est l’avenir de l’industrie musicale. Nous sommes heureux que les autres soient enfin d’accord avec nous.” De toute façon, assure le Britannique, Spotify est parée :

“Jusqu’à présent, nos ennemis principaux étaient les pirates. C’est comme de se battre contre des zombies : ils n’ont ni corps ni règles. Ça nous a endurcis.”

Chez Spotify, on est aussi convaincu d’avoir une longueur d’avance : “Depuis notre lancement, nous avons fourni 2,5 milliards d’heures de musique en streaming : c’est autant de données qui nous permettent d’améliorer notre service.”

“Hack week”

A Stockholm, la décontraction fait partie du modèle. Salle de jeux, studio d’enregistrement, concerts gratuits à la cafétéria… D’après Paolo Brolin Echeverria, il n’est pas rare de voir traîner les salariés tard dans la nuit, au 61 de la rue Birger Jarlsgatan, siège de l’entreprise. Celle-ci a atteint une valorisation record de 7,5 milliards de dollars, mais l’esprit start-up demeure.

L’effervescence avec. Paolo est responsable de la “hack week”, qui vient de se terminer : pendant deux semaines, les 1.500 salariés du groupe (dont la moitié est basée à Stockholm) ont carte blanche pour travailler sur un projet qui leur tient à cœur.

Accès légal à une gigantesque discothèque

C’est pendant l’une de ces sessions qu’est née “running”, la toute dernière fonctionnalité, présentée fin mai à New York, qui permet aux joggeurs d’adapter le rythme de leurs playlists à la cadence de leurs pas. L’aventure Spotify a commencé en 2006 avec la rencontre de Daniel Ek, alors jeune programmeur de 23 ans passionné de musique, déjà riche mais déprimé, et d’un entrepreneur, Martin Lorentzon, 37 ans, multimillionnaire en quête de nouveaux projets.

Tous deux admirent Napster, le site de partage en ligne fondé en 1999 par un groupe de jeunes Américains, fermé deux ans plus tard sur ordre des tribunaux. Leur idée : réussir là où les autres ont échoué, en proposant un service d’accès légal à une gigantesque discothèque (autour de 30 millions de chansons), avec l’accord des labels et des ayants droit.

Le nom “Spotify” naît d’un malentendu lors d’une soirée un peu arrosée : Martin Lorentzon est devant l’ordinateur et enregistre des noms de domaine, tandis que Daniel Ek lance des suggestions. Le premier entend mal ce que dit le second et écrit “Spotify” : une combinaison de “spot” (découvrir) et “identify” (identifier). Quelques mois plus tard, un certain Jonathan Forster pousse la porte d’un petit appartement, dans le centre de Stockholm : “Il y avait un groupe de types visiblement superdoués, qui tapaient à toute vitesse sur leurs claviers et surfaient sur deux écrans à la fois, dit-il. On sentait l’excitation dans l’air.” Forster a droit à une première démonstration : “C’était magique. Ils avaient travaillé très dur pour que la musique soit disponible en moins de 300 millisecondes. L’oreille ne détectait aucun délai.”

Le pari est osé. Il s’agit de proposer simultanément une alternative aux boutiques de téléchargement, comme iTunes, et aux sites de téléchargement illégal, tels que Pirate Bay – à l’époque, YouTube n’en est alors qu’à ses balbutiements. L’idée de combiner un service gratuit, où les chansons sont régulièrement entrecoupées de spots publicitaires, à un service payant, le “premium”, accessible hors connexion, sans pub, s’impose rapidement. Un modèle “contre-intuitif”, dit Gustav Söderström, directeur des produits : “Car on a dit aux gens qu’ils allaient devoir commencer à payer pour obtenir ce qu’ils trouvaient gratuitement sur les sites de téléchargement illégal. Si vous n’êtes pas passionné, 120 euros par an, ça fait beaucoup. Mais plus vous consommez de musique, plus ça devient important. Et télécharger sur Pirate Bay prend du temps. Nous avons fait le pari de la commodité. Heureusement, les gens ont suivi.”

Les négociations avec les maisons de disques vont durer deux ans. “On regardait les listings des compagnies et on envoyait des emails aux gens, en espérant juste décrocher un rendez- vous”, raconte Jonathan Forster. Per Sundin, patron d’Universal Suède, est l’un des premiers à dire banco : “L’industrie musicale était attaquée de partout. On était désespérés. On avait essayé d’autres services. Rien ne fonctionnait.” Encore faut-il convaincre ses supérieurs. Si les labels sont partants pour le service payant, ils ne veulent pas du “freemium” (accès gratuit puis payant). Spotify ne lâche pas. Gustav Söderström s’en félicite : “Nous avons un taux de conversion du gratuit au payant de 25 %. Jusqu’à présent, Skype était une référence avec 7 %. Or notre taux aurait dû diminuer avec l’accélération de notre développement, mais ce n’est pas le cas : les utilisateurs du service gratuit continuent de passer au payant, bien au-delà des premiers mois.”

Coup de gueule planétaire de  Taylor Swift

L’an dernier, le “freemium” a connu son heure de gloire avec le coup de gueule planétaire de la chanteuse pop américaine Taylor Swift, qui a annoncé qu’elle quittait la plateforme, mécontente de ne pas être rémunérée à sa juste valeur pour sa musique. Jonathan Forster dit son incompréhension :

“Elle a laissé ses chansons sur YouTube, où les téléchargements ont explosé. Si nous n’offrions pas de service gratuit, nous perdrions notre meilleure chaîne de marketing pour le premium. Surtout, le gratuit génère de l’argent pour les artistes, grâce aux revenus de la publicité, ce qui n’est pas le cas de YouTube.”

Ludvig Werner, directeur de l’Ifpi (Fédération internationale de l’Industrie phonographique) à Stockholm, reconnaît que le modèle est complexe :

En tant qu’artiste, vous receviez une grosse somme d’un coup, à la sortie de votre CD. Désormais, vos revenus s’étalent dans le temps.”

La transparence n’est pas non plus toujours au rendez-vous : “Ce que vous touchez dépend de l’accord signé avec la maison de disques.” Pour lui, le streaming représente pourtant l’avenir de l’industrie musicale : “En Suède, nos revenus ont chuté de 60 % entre 2001 et 2008. Avec le streaming, ils ont augmenté de 27 %, et ce nouveau modèle représente désormais plus de 80 % des revenus de l’industrie.”

Une application incontournable

Spotify reverse 70 % des recettes générées par les abonnements et la pub aux labels et ayants droit. Au total : 3 milliards de dollars depuis sa création, avec une augmentation vertigineuse ces derniers mois. Et ce n’est qu’un début, assure Jonathan Forster :

“Le jeu Angry Birds a 600 millions d’utilisateurs. C’est dire notre potentiel. Nous avons les Rolling Stones, Daft Punk, Beck … Imaginez ce que le reversement va représenter avec 600 millions d’utilisateurs, ou un milliard, comme Instagram ?”

Tel est bien l’objectif : faire de Spotify une application incontournable.

“La question n’est pas de savoir quelle part du gâteau nous obtiendrons, mais comment accroître la taille de ce gâteau”, lance Gustav Söderström. Et puis, il se targue du soutien que sa compagnie apporte aux artistes : “Grâce aux données dont nous disposons, nous pouvons leur dire où se trouvent leurs fans, où se produire en concert.”

Les développeurs y travaillent d’arrache-pied, usant de savants algorithmes pour découvrir les goûts des utilisateurs.

Spotify a réalisé un chiffre d’affaires d’un milliard de dollars en 2014, mais quadruplé son déficit. Elle vient cependant, d’annoncer une levée de fonds de 465 millions d’euros, et se lancera bientôt dans la vidéo. L’enjeu est de taille, selon Gustav Söderström :

“Nous voulons vous accompagner toute la journée et produire la BO de votre vie.”

Spotify et Deezer plus forts que le téléchargement de musique !

Spotify et Deezer plus forts que le téléchargement de musique ! – PhonAndroid.

Plutôt Spotify, Deezer ou plutôt CD, Vinyles et audiothèque pleine ? Si vous faites partie de la première catégorie alors vous faites partie de la majorité des utilisateurs. Le Snep, principal syndicat des producteurs de musique, a publié une étude sur le marché de la musique en France. Résultat : le streaming musical a pris le pas pour la première fois sur le téléchargement.

spotify deezer telechargement musique
2014 a été l’année du streaming musical.
C’est en tout cas ce que révèle une étude du Snep selon laquelle, pour la première fois depuis l’entrée sur le marché
des services comme Spotify ou Deezer, le téléchargement de contenus musicaux est en retrait.

Globalement, le marché de la musique se porte moins bien entre 2013 et 2014 puisqu’il enregistre une baisse de 5,3%. C’est le marché physique qui a en fait le plus souffert, enregistrant une chute de 11,5%. Le marché numérique, lui, a augmenté de 6% et représente désormais 29% du marché global.

deezer telechargement streaming
Sur ce marché de la musique numérique, c’est le streaming musical qui domine pour la première fois en 2014
avec 55% de part de marché contre 40% pour le téléchargement. En 2013, la tendance était pratiquement inversée.
spotify deezer part marche
Au total ce sont donc 12 milliards de titres qui ont été écoutés en streaming en 2014 par 11 millions d’utilisateurs
(16% de la population). Le nombre d’abonnés, lui, a atteint les 2 millions.

Seule ombre aux tableaux, la répartition de l’abonnement mensuel payé par les audiophiles. Sur les 9,99 euros, ce ne sont pas les artistes qui touchent la plus grosse part, bien au contraire, ils sont les derniers servis.

Les producteurs prennent 4,56 euros et les plateformes 2,08 euros. Les artistes, eux, touchent 1,68 euros s’ils sont auteurs-compositeurs-interprètes, 0,68 euros s’ils sont « seulement » interprètes.

Les amateurs de musique ont donc été séduits par les solutions légales pour écouter ses sons préférés en illimité. Comme quoi, lorsque les solutions légales sont bien conçues, elles plaisent.

En savoir plus : http://www.phonandroid.com/spotify-deezer-plus-forts-telechargement-musique.html#ixzz3Qk3MmbOH

D’Apple à Spotify : le streaming musical au rythme du big data

D’Apple à Spotify : le streaming musical au rythme du big data.


A travers leurs acquisitions de sociétés, Apple et Spotify laissent transparaître une volonté d’approfondir la dimension analytique dans leurs offres de musique en ligne.

Analyser ce qu’écoute l’utilisateur, déterminer ses préférences, cerner son état d’esprit, évaluer sa réceptivité aux tendances du moment, anticiper ses actions et lui recommander du contenu en conséquence : le big data ouvre une infinité de perspectives pour la musique en streaming.

C’est dans cet esprit que Spotify avait, en mars dernier, déboursé 100 millions de dollars pour s’offrir l’Américain The Echo Nest et son moteur de recommandation exploité par plusieurs concurrents (Deezer, Rdio, Rhapsody…). Apple a peut-être suivi la même logique en s’emparant du Britannique Semetric, connu pour sa plate-forme Musicmetric destinée à la collecte et à l’analyse de données sur l’univers de la musique en ligne.

L’opération aurait eu lieu en début d’année à en croire des documents officiels déposés auprès des autorités à Londres… et mis au jour par Musically. Le 12 janvier 2015, Semetric changeait d’adresse et se relocalisait au 100, New Bridge Street (London EC4V 6JA), c’est-à-dire dans les mêmes locaux qu’Apple Europe, représenté par le cabinet d’avocats Baker & McKenzie. Le même jour, Semetric avait livré des détails sur l’investiture, à son board, du dénommé Gene Daniel Levoff, qui n’est autre que le vice-président aux affaires juridiques chez Apple.

D’après le Financial Times, la firme de Cupertino a dépensé autour de 50 millions de dollars pour acquérir Semetric et sa plate-forme Musicmetric dont les différents maillons de l’industrie musicale se servent pour comprendre comment leurs oeuvres sont consommées et accueillies par le public.

Pour déterminer les recettes générées par l’exploitation commerciale, Musicmetric prend en compte les ventes sur des plates-formes de téléchargement légal comme iTunes, mais aussi les échanges sur le réseau BitTorrent, les vues sur YouTube et la diffusion sur des services comme Spotify et Last.fm. Elle scrute aussi les tendances sur les réseaux sociaux pour évaluer la réception des artistes, albums et chansons.

Ces interactions sont synthétisées sur le tableau de bord Musicmetric Pro, que l’on peut connecter à Facebook Insights et à Google Analytics. Parmi les critères de filtrage figurent le style de musique, la popularité sur un média social donné ou encore les lieux dans lesquels un artiste s’est produit.

Lancée en 2008, cette offre s’est élargie, au fil des années, à l’univers cinématographique, aux émissions TV et aux livres. Elle a permis à Semetric de lever 5 millions de dollars, dont 4,8 millions en janvier 2013 (source Crunchbase). A l’heure où la croissance des ventes de musique sur iTunes diminue, Apple est pressenti pour intégrer cette dimension d’analytique dans le service de streaming hérité, l’année passée, du rachat de Beats Electronics (pour 3 milliards de dollars).


En savoir plus sur http://www.itespresso.fr/apple-spotify-streaming-musical-rythme-big-data-86535.html#4xhF4WPmTryavOlm.99

TIDAL – Introducing the world’s first music service with High Fidelity sound quality, High Definition music videos and Curated Editorial, by music journalists.

HD music subscription service Tidal launched on Sonos Friday: Tidal is now available to Sonos owners in the U.S. and Canada, and the company announced that it plans to launch in the U.K. soon.

Tidal’s catalog offers access to more than 25 million tracks from all major labels, as well as 75,000 music videos, which Tidal subscribers can access on the web as well as through the company’s iOS and Android apps. Tidal is offering its HD streams in the open source FLAC audio format, as well as Apple’s own ALAC format, as 44.1kHz / 16 bit recordings with a bitrate of 1411 kbps. Those extra bits will also cost a bit more: With a monthly fee of $19.99, Tidal is twice as expensive as your regular Spotify subscription.
With Spotify being the undisputed streaming music market leader, HD music increasingly is becoming a differentiating feature for anyone trying to carve out a lucrative niche — and the kind of people who spend money on something like Sonos speakers seem like a really good target audience.

That’s why Deezer already launched its HD streaming tier exclusively on Sonos earlier this year. Just like Tidal, Deezer is charging consumers extra for high bitrates, albeit a bit less. Deezer Elite, as the tier is called, is costing $14.99 per month.

With CES coming up in January, one should expect more such HD audio announcements, both from services as well as connected speaker manufacturers. These services will directly compete with companies like Pono, which is trying to get consumers to buy its own hardware, as well as individual downloads.

Apple, Google, Deezer, Spotify… qui triomphera du streaming musical ? – Le nouvel Observateur

Apple, Google, Deezer, Spotify… qui triomphera du streaming musical ? – Le nouvel Observateur.

Quand la presse américaine parle de « révolution du streaming musical à la demande », vu de France, on peut trouver ça un peu ringard. Sept ans qu’on nous rabâche les oreilles avec Spotify et surtout Deezer, la fierté tricolore !

C’est pourtant bien l’innovation qui est en train d’agiter le marché américain, le streaming musical enregistrant une progression de 42% par rapport à 2013 alors même que les ventes et le téléchargement légal s’effondrent. Merci les smartphones.

Pourcentage des internautes qui téléchargent ou ont recours au streaming (Ipsos, mars 2014, via Quartz)

Mais plus rien n’est simple. Avant, on pouvait titrer facilement « Spotify vs Deezer ». En 2014, le marché se fragmente : les acteurs historiques accélèrent le pas, des mastodontes (Apple, Amazon, Google) tapent un sprint et toute une constellation de start-up préfère se ranger discrètement sur le côté en ciblant des niches.

« Une chose est sûre : un service dominera »

Pour Bob Lefsetz, spécialiste américain de l’industrie musicale, cette situation ne durera pas.

« Une chose est sûre : un service dominera. C’est vers cela que nous nous dirigeons tous. Nous voulons partager ; si vous envoyez un lien et que quelqu’un ne peut pas l’écouter, ça ne fonctionnera pas. »

Apple, Google, Deezer, Spotify... qui triomphera du streaming musical ? - Le nouvel Observateur

YouTube pour le partage de vidéos, Netflix pour le streaming de films et de séries, Google pour les recherches internet… Les exemples de quasi-monopoles ne manquent pas. Alors qui a les qualités requises pour devenir le super-prédateur du streaming musical ?

1

Spotify

Le mâle alpha

Avec ses 40 millions d’utilisateurs (dont 10 millions d’abonnés), Spotify a pour le moment une longueur d’avance sur tous ses concurrents. L’entreprise suédoise fondée en 2006 a surtout compris avant les autres que la relative tranquillité du début des années 2010 n’allait pas durer.

Entre 2013 et 2014, le service a déployé une stratégie offensive en étendant son réseau de 20 à 56 pays et levé ses restrictions d’écoute sur les tablettes et smartphones.

Pourtant, au-delà des apparences que lui confèrent son statut de leader et sa marque identifiable, Spotify est fragile :

  • si son chiffre d’affaires a plus que doublé entre 2012 et 2013, l’entreprise n’est toujours pas rentable, accumulant près de 150 millions d’euros de pertes depuis sa création ;
  • sa valorisation, estimée à 4 milliards de dollars, ferme la porte à toute perspective de rachat par une grosse entreprise qui pourrait lui apporter oxygène et investissements ;
  • avec 70% des revenus versés aux ayants droit, c’est l’entreprise qui rémunère le mieux les créateurs… mais gagne le moins dans l’affaire.

    Apple, Google, Deezer, Spotify... qui triomphera du streaming musical ? - Le nouvel Observateur

2

Deezer

Le gros poisson qui ne sait pas nager

Deezer, c’est la réussite française, la vitrine du « French flair » dans l’innovation numérique. Pour cause : depuis 2007, la start-up a enchaîné les tours de table et décroché le titre de bon deuxième du secteur. L’entreprise peut maintenant se réjouir d’être présente dans 180 pays et de générer 65 millions d’euros de chiffre d’affaires grâce à ses cinq millions d’abonnés.

Mais Deezer n’a toujours pas traversé l’Atlantique pour jouer des coudes avec ses rivaux, Spotify en tête.

Par choix d’abord : le marché était jusque-là ultra-concurrentiel, des dizaines de start-up plus ou moins prometteuses se disputaient le gros du butin. Il fallait donc débarquer en conquérant, fort d’une marque célèbre dans le monde.

Quand viendra le moment ? Dès 2014, nous promet-on chez Deezer. L’opération sera ardue. L’entreprise a beaucoup attendu, les Suédois de Spotify ont fait du chemin, tout comme le service de radios en streaming Pandora, et les géants de la Tech ont l’oreille attentive de la presse américaine.

3

Apple

Le loup solitaire

Apple a très tôt compris l’importance de la musique. L’iPod a ouvert la voie à l’iTunes Store et à l’iPhone, deux des moteurs de l’entreprise. Et pourtant, l’iPod et ses déclinaisons ont été délaissés dès 2010, tandis que les ventes de musique par téléchargement s’effondrent peu à peu au profit du streaming.

A la décharge d’Apple, le streaming est un peu incompatible avec son ADN qui veut que le client accumule fièrement objets et contenus comme autant de marqueurs sociaux. Mais la tendance est là, et Apple a dû virer de bord.

Beats, la stratégie qui valait 3 milliards

La solution trouvée par Tim Cook et les cadres de la boîte : racheter Beats by Dr Dre, la marque de casques audio. Une opération à plus de 2 milliards d’euros qui a divisé les analystes. Au-delà du savoir-faire en matière de casques et d’objets connectés, c’est le service de streaming de Beats qui semblait intéresser Apple.

Tim Cook avait ainsi vanté sa prise :

« Nous pensons qu’il s’agit du premier service d’abonnement à vraiment comprendre ce qui est important. Apple et Beats pensent tous les deux qu’un bon service de musique requiert une grande équipe éditoriale et une bonne curation de contenu, ainsi nous allons continuer à nous agrandir dans ces domaines. »

Un modèle hybride en circuit fermé ?

Quelques mois plus tôt, Apple avait déjà lancé iTunes Radio, un service de streaming mais pas « à la demande » comme Spotify et Deezer. La fusion avec Beats devrait mener vers un modèle hybride, combinant flux radio et accès à un catalogue.

Il y a cependant fort à parier que le service sera uniquement « Apple compatible ». C’est l’éternelle stratégie de la marque : proposer des services qui incitent à acheter les produits frappés de la pomme (téléphones et autres tablettes).

Pas sûr qu’Apple et son univers cloisonné aient l’étoffe d’un leader de marché.

4

Amazon

Le flûtiste de Hamelin

Jusque-là, l’ADN d’Amazon, c’était la vente. Les choses semblent évoluer peu à peu puisque après avoir annoncé le lancement prochain d’un service de streaming musical, l’entreprise basée à Seattle a également annoncé le lancement d’un streaming de livres.

En réalité, la stratégie est toujours la même : convaincre par ses services les consommateurs à rester ou entrer dans l’écosystème Amazon… et consommer. Amazon Prime Music donne donc accès à un large catalogue de musique, à condition que l’on s’inscrive à Amazon Prime, le service de livraison de l’entreprise.

Les revues sont globalement unanimes : pas révolutionnaire, pas parfait, mais un bon bonus à Amazon Prime. Pas trop la carrure d’un prédateur, en somme.

5

Google

L’éléphant dans le magasin de disques

Google, dont les revenus sont presque entièrement générés par la publicité calibrée sur les goûts des internautes, ne peut pas délaisser une manne aussi précieuse que la musique.

Quand on regarde l’artillerie, ça fait peur : que peut faire un Deezer avec ses tours de table à 100 millions d’euros face à Google qui peut aligner 40 milliards en cash ?

Le géant de Mountain View a déjà tenté le coup dans la musique en 2013 en lançant Google Play Music, concurrent direct à Spotify, mais qui semble s’être soldé par un échec. L’entreprise a néanmoins une cartouche beaucoup plus précieuse : YouTube.

La carte YouTube

Jamais un site n’a accédé à un tel potentiel de viralité. Ça donne des hits comme « Gangnam Style » et ses milliards de vues en un temps record, une vitrine permettant à des petits artistes et labels indé de trouver quelque notoriété, et un catalogue quasi infini pour les mélomanes.

Pour Google, c’est avant tout un diamant brut qui ne demande qu’à être poli. L’entreprise a semble-t-il trouvé le moyen : elle a l’intention de séparer les vidéos de musique du reste des contenus, et de les faire payer à l’internaute. Une poignée d’euros pour écouter la musique avec de la pub, le double pour se soulager des spots publicitaires.

On a encore peu de renseignements sur la forme que prendra ce service (qui pourrait se nommer Music Pass), mais son succès semble inévitable tant YouTube est entré dans les mœurs. Pour ne pas faire les choses à moitié, Google a également annoncé le rachat de Songza, une entreprise spécialisée dans les playlists musicales et la curation de contenus.

Google pourrait toutefois pâtir de ses méthodes façon prise d’otages. Si l’entreprise a négocié en secret avec les grandes majors de la musique, elle s’est comportée en parfait butor avec les labels indépendants en mettant tout le monde devant le fait accompli. Ne restait qu’un seul choix pour les indé : accepter de passer sur la version payante ou disparaître de la plate-forme, version gratuite comprise. Ajoutez à cela une rémunération faible pour les ayants droit.

6

Qobuz

La grenouille qui n’en a rien à carrer du bœuf

Si le marché du streaming venait à être dominé par un unique service, les seuls survivants seront ceux qui auront ciblé une niche. Qobuz en est le parfait exemple. Petite entreprise française lancée la même année que Deezer, elle cible uniquement les mélomanes qui aiment la qualité.

Pas question de diffuser un mp3 en 128kbps, on vise le « very high fidelity », l’auditeur qui a le casque Bose et l’esgourde sensible. Reste à trouver un public prêt à mettre vingt euros.

Spotify révèle le montant de la rémunération qu’il donne aux artistes – 20minutes.fr

Spotify révèle le montant de la rémunération qu’il donne aux artistes – 20minutes.fr.

MUSIQUE – Un montant qui peut paraître peu élevé et qui dépend de plusieurs variables, selon la plateforme musicale de streaming…

Voilà qui ne devrait pas réconcilier Thom Yorke et Spotify. Le numéro un mondial de l’écoute de musique en ligne, à qui le chanteur de Radiohead reproche le faible niveau des montants reversés aux détenteurs de droits, en a révélé mardi le niveau exact: environ un demi-centime d’euro par chanson écoutée.

Sur le site Internet Spotifyartists.com, l’entreprise a indiqué que la somme dépendait de plusieurs «variables»: d’une part le pourcentage de royalties négociées pour l’artiste et d’autre part ses auditeurs, selon le pays d’où ils écoutent la chanson et s’ils paient ou non un abonnement. «Récemment, ces variables ont amené à un paiement moyen par diffusion aux détenteurs des droits compris entre 0,006 et 0,0084 dollar», a écrit Spotify. Ces détenteurs de droits comprennent l’artiste et son producteur et/ou sa maison de disque.

Deezer et Pandora rentables, Spotify non

Pour donner une idée de la part de l’artiste seul, qui «varie en fonction des territoires conformément aux lois locales et aux accords négociés», Spotify a donné l’exemple des États-Unis, où le cadre réglementaire fait qu’elle est d’environ 21%. En d’autres termes, un artiste américain dont la chanson a été écoutée un million de fois touche en moyenne quelque 1.500 dollars.

Spotify a relativisé l’importance du chiffre. «Spotify ne calcule pas les royalties sur la base d’un taux fixe par diffusion. Bien que beaucoup de débats publics aient amené des spéculations sur un tel taux, nos versements aux artistes pris individuellement ont énormément augmenté avec le temps du fait de la croissance de notre nombre d’utilisateurs, et ils continueront à le faire», a-t-il écrit.

Lancé par deux Suédois en 2006, Spotify n’a pas encore réussi à engranger de bénéfice. En 2012, sa perte nette a été de 58,7 millions d’euros pour un chiffre d’affaires de 434,7 millions d’euros. Son plus grand concurrent, l’américain Pandora, a déjà fait état de bénéfices trimestriels. Et le français Deezer, beaucoup plus petit, assure être rentable «depuis fin 2010».

Spotify responds to artists’ protest: “We’ve already paid $500m to rightsholders”

Spotify responds to artists’ protest: “We’ve already paid $500m to rightsholders”.

Spotify

Online music streaming service Spotify has responded to criticism it doesn’t do enough to support new artists, pointing out that it has paid out $500m in royalties so far and is on track to pay out $1bn by the end of 2013.

Yesterday, British musicians Thom Yorke and Nigel Godrich (best-known for their work with Radiohead, as frontman and producer respectively) announced that they’d pulled their albums from Spotify to protest what they say is an unworkable model for new and emerging artists.

Yorke’s solo album The Eraser and Atoms for Peace’s debut album Amok, which features both Yorke and Godrich, are also not currently available on rival music streaming services Rdio and Deezer. All three albums in question – The Eraser, Amok and the self-titled debut from Godrich’s other band Ultraista – are still available on Grooveshark.

The core of the criticism is that Spotify’s model rewards artists based on the share of overall streaming they command, which tends to favour established artists and major labels. “Streaming suits catalogue but cannot work as a way of supporting new artists’ work,” Godrich tweeted. “Spotify and the like either have to address that fact and change the model for new releases or else all new music producers should be bold and vote with their feet. They have no power without new music.”

In a statement released today, Spotify said:

Spotify’s goal is to grow a service which people love, ultimately want to pay for, and which will provide the financial support to the music industry necessary to invest in new talent and music. We want to help artists connect with their fans, find new audiences, grow their fan base and make a living from the music we all love. 

“Right now we’re still in the early stages of a long-term project that’s already having a hugely positive effect on artists and new music. We’ve already paid US$500m to rightsholders so far and by the end of 2013 this number will reach US$1bn. Much of this money is being invested in nurturing new talent and producing great new music.

“We’re 100 per cent committed to making Spotify the most artist-friendly music service possible, and are constantly talking to artists and managers about how Spotify can help build their careers.”

That doesn’t directly address the criticism that the current model favours established artists. To be fair, not all new artists take issue with the service – Swedish duo Cazzette recently became the first band to release an album debut exclusively on Spotify, calling streaming the “future” of music.

Spotify currently claims 24 million active users and six million paying subscribers, who each pay about $10 per month for unlimited streaming and no ads. It reported a loss of nearly $60m on revenue of $244m in 2011 and is expected by some commentators to reach $1bn in revenue in 2013.

Image credit: flickr user BeauGiles 

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Qui veut la peau de Deezer et Spotify ? – Obsession

Qui veut la peau de Deezer et Spotify ? – Obsession.

Twitter serait sur le point d’imiter les autres géantsGoogleApple et Microsoft en proposant ses propres offres de streaming de musique. Mais qu’ont ils tous à vouloir proposer de la musique ? Le marché ne cesse de perdre de l’argent et les sites de téléchargement ou de streaming continuent de mettre la clef sous la porte. Derniers exemples en date : Beezik a mis la clef sous la porte et la Fnac a décidé d’arrêter de vendre des MP3.

“Soit ils se lancent dans la musique, soit dans le sexe”

“N’allez pas pour autant croire que le secteur est sinistré”, rectifie Yves Riesel, PDG du site de musique Qobuz. “Le marché de la musique en ligne est en plein boum !” Pour preuve, les derniers chiffres du Syndicat national de l’édition phonographique (Snep) : les ventes numériques affichent une croissance de 13% pour représenter 125 millions d’euros par an, soit 25% du marché global de la musique.

“La musique est l’un des trois éléments les plus recherchés sur internet avec le sexe et l’argent”, confirme le journaliste Emmanuel Torregano, auteur de “Vive la crise du disque”. Un tour sur le classement des mots les plus recherchés de l’année dernière. Le podium est occupé par une artiste (Whitney Houston) et le titre d’une chanson (“Gangnam Style”). “La musique est très demandée par les internautes”, poursuit le journaliste d’Electron libre. “Ces services web qui se veulent ‘sociaux’ n’ont pas beaucoup d’options : soit ils se lancent dans la musique, soit dans le sexe.”

“La musique sert de produit d’appel pour vendre autre chose”, confirme le directeur de la Société de perception et de distribution des droits des artistes-interprètes (Spedidam), Jean-Paul Bazin. “Par exemple, YouTube propose énormément de vidéos musicales utilisées pour vendre des publicités.”

Et ce produit d’appel intéresse Twitter. Le site de micro-blogging s’apprêterait à lancer une application baptisée “Twitter Music” pour écouter des morceaux recommandés en fonction de son profil.

Le site suit ainsi Google qui a lancé en 2011 son service Music d’écoute en streaming, et envisage désormais une offre payante liée à YouTubeL’an dernier, Microsoft a équipé ses Xbox 360 et tous les ordinateurs sous Windows 8 de l’option Xbox Musicpermettant de télécharger et d’écouter des morceaux (avec ou sans abonnement). Enfin, Apple envisagerait de lancer cette année une fonction du streaming de morceaux sur iTunes.

De quoi menacer les installés Deezer et Spotify, qui comptent respectivement 30 millions de membres (dont 3 millions d’abonnés payants) et 20 millions d’utilisateurs (dont 5 millions de payants).

“Spotify et Deezer risquent de mourir”

L’arrivée des pontes du high-tech dans le domaine de la musique en ligne pourrait redistribuer les cartes. Pour l’heure, Deezer et Spotify s’avèrent installés en termes d’utilisateurs, mais toujours fragiles. Si Microsoft est loin d’avoir raflé la mise avec son Xbox Music, le lancement d’une offre de streaming sur l’iTunes d’Apple pourrait bousculer le marché. “Apple reste l’acteur que tout le marché regarde pour comprendre la tendance, c’est lui qui donne le la”, estime Emmanuel Torregano. “Le jour où la pomme lance son service de streaming payant, les Spotify et Deezer risquent de mourir.”

Même constat pour Yves Riesel : “La question finale sera ‘qui avale qui ?’ A l’avenir, nous aurons trois ou quatre services majeurs aux mains des géants du net qui auront dézingué Deezer et Spotify, pour proposer des offres populaires et peu chères, mais indifférenciées. Et, à côté, quelques services plus pointus qui se distinguent sur un secteur particulier [comme Qobuz, spécialiste de la musique classique, NDLR].” La Société civile pour l’administration des droits des artistes et musiciens interprètes (Adami) s’inquiète de ce futur paysage :

Dans un avenir proche toute la chaîne de production et de diffusion culturelle sera concentrée entre les mains de quelques-uns. Apple et Google ont le pouvoir sur le prix public et imposent leurs conditions pour l’accès aux contenus. C’est une grave menace pour la diversité économique et artistique !”

“Oui, ça va être la guerre entre eux, mais au final cela ne change rien au problème de la faible rémunération des artistes”, tacle Jean-Paul Bazin de la Spedidam. “Les chiffres sont affolants : lorsqu’un titre de Johnny Halliday est téléchargé sur iTunes, il ne touche que 0,04 euro, et lorsqu’il est écouté sur Deezer, la rémunération tombe à 0,0001 euro. Et, dans le même temps, les choristes, le guitariste, le pianiste, le bassiste, le batteur… de Johnny ne touchent strictement rien. Zéro multiplié par un milliard d’écoutes, ça fait toujours zéro !”

La Spedidam et l’Adami réclament un financement équitable via l’obligation légale d’une gestion collective des droits, à l’image de la musique “physique”. “Nous attendons avec impatience les conclusions de la mission Lescure [sur la culture et le numérique,NDLR]”, entonne Jean-Paul Bazin.

Quant aux géants du net, la guerre de la musique en ligne est loin d’être terminée. “La messe n’est pas dite et le marché n’a pas fini d’évoluer”, résume Yves Riesel.

Streaming : Spotify vs Deezer – High-Tech – Actualité – Trends.be

Streaming : Spotify vs Deezer – High-Tech – Actualité – Trends.be.

La concurrence entre Spotify et  français Deezer est à son paroxysme. Spotify a levé 100 millions de dollars jeudi, via des investissements de Coca-Cola et Goldman Sachs. Si les deux européens dominent le marché, ils risquent de souffrir de l’arrivée des mastodontes américains.

© Reuters

Spotify et Deezer attirent les investisseurs. Jeudi, le suédois a réussi une nouvelle levée de fonds de 100 millions de dollars (78 millions d’euros) auprès de Coca-Cola ou encore de Goldman Sachs. Soit la même somme récupérée par Deezer au début du mois d’octobre. En attendant l’arrivée de nouveaux concurrents, ils se livrent une bataille sans merci. Alors, lequel des deux compte le plus d’abonnés ? Qui est le plus solide économiquement ?

Au nombre d’utilisateurs, c’est Deezer qui l’emporte

Le français Deezer mise aujourd’hui sur l’internationalisation. Asie, Afrique, Amérique du Sud, il veut être partout. Déjà présent dans plus de 130 pays, Deezer prévoit d’arriver à 200 d’ici à la fin de l’année 2012. Avec une telle présence dans le monde, le service de streaming musical peut se targuer de compter plus de 26 millions d’utilisateurs. Mais seuls 2 millions d’entre eux sont abonnés à l’offre payante Deezer Premium.

Le suédois Spotify dispose, lui, d’une base de 15 millions d’utilisateurs actifs. Une belle performance quand on sait qu’il n’est présent que dans 17 pays. En nombre d’abonnés payants en revanche, c’est le suédois qui domine. Quelque 4 millions de personnes paient pour bénéficier du catalogue et du service de Spotify.

Aucun des deux n’est rentable, Spotify dégage 4 fois plus de revenus

Selon le cabinet Privco, Spotify aurait enregistré en 2011 une croissance de 150% de son chiffre d’affaires, à 244 millions de dollars (plus de 191 millions d’euros). Soit près de quatre fois les ventes de son concurrent sur la période (50 millions d’euros).

Mais la forte croissance des revenus n’est pas un gage de rentabilité. Spotify aurait en effet accusé parallèlement une perte de 59 millions de dollars (un peu plus de 46 millions d’euros). Deezer, lui, était devenu rentable fin 2010. Mais il est retombé dans le rouge depuis, du fait “d’une période d’investissements”, avait précisé son PDG Axel Dauchez. Il espère redevenir rentable en 2014.

Des difficultés qui découlent en partie de la spécificité du marché de la musique en ligne, relève CNN.

Les catalogues des majors coûtent cher, très cher

Pour inclure de nouveaux titres dans leur catalogue, Deezer et Spotify doivent au préalable négocier avec les labels, les éditeurs ou plus rarement les artistes indépendants, qui peuvent se permettre d’imposer plus ou moins leurs conditions. “Dans la plupart des autres secteurs, si un fournisseur impose des conditions qui ne sont pas raisonnables, un revendeur peut se tourner vers des concurrents”, écrivait Michael Robertson, dirigeant et fondateur du site MP3Tunes.com, dans un post publié sur le site GigaOM. Avant d’ajouter : “Depuis que la loi confie aux labels un monopole garanti par les gouvernements, une telle option n’est plus envisageable avec la musique […] Reste deux options : accepter les termes ou renoncer à inclure les titres des ayants droits dans le catalogue”. Une logique qui accroît considérablement les coûts. En 2010, le New-York Times révélait ainsi que la rétribution des majors par Spotify dépassait son chiffre d’affaires. D’où la nécessité de trouver le bon modèle économique.

Le choix de l’abonnement, et des partenariats

Aujourd’hui, ils misent à la fois sur la publicité et sur la vente d’abonnements. Selon le Syndicat National de l’édition Phonographique (Snep), ces derniers ont généré deux fois plus d’argent: soit 23 millions d’euros contre 12,7 pour la publicité. S’il a compris aujourd’hui que les abonnements sont plus rémunérateurs, Deezer a mis longtemps avant de croire à ce modèle. Il faut dire qu’à l’origine, lorsqu’il s’appelait encore BlogMusik, le service exploitait les titres musicaux sans l’accord des majors.

Pour faire cohabiter ces deux modèles économiques, Deezer a instauré une limitation d’écoute de 5 heures pour les utilisateurs simplement authentifiés et non abonnés. Spotify a lui opté pour un seuil de 10 heures. Sauf qu’en plus il a maintenu une limitation de 5 écoutes maximum par titre, dans certains pays (dont la France, l’Allemagne et la Grande-Bretagne).

Le problème, c’est que les abonnements ne représentent pas encore un marché de masse. D’où la nécessité de collaborer avec des sociétés capables de faire venir des clients. Deezer a ainsi gagné de nombreux abonnés via les forfaits proposés par Orange, qui est aussi l’un de ses actionnaires. Comme le rappelle PC Inpact, il a mené la même stratégie dans 14 autres pays. Et les partenariats conclus avec Facebook leur permettent de profiter de la viralité du réseau social pour attirer d’éventuels nouveaux clients.

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