Hugues Rey (Havas Media Belgium) : “Nous devons être des nutritionnistes pour les marques” – Interview MM.be (3/1/2022)

L’année 2021 restera sans doute dans l’histoire du Havas Village belge comme celle d’un renouveau. Avec d’une part l’arrivée de David Grunewald à la tête de l’agence créative du groupe et de l’autre, la mise en place d’une nouvelle structure de management au sein de son agence média. Pour en parler, nous avons rencontré Hugues Rey, CEO de Havas Media et accessoirement, nouveau président de l’UMA.

Source: https://www.mm.be/news-fr-58278-hugues-rey-havas-media-nous-devons-etre-des-nutritionnistes-pour-les-marques

« J’hésite encore… Si ma femme apprend que j’ai posé ma candidature, elle me tue », me disait Hugues Rey. C’était l’été et nous évoquions la succession de François Chaudoir à la présidence de l’United Media Agencies (UMA). 

Lors de ce lunch, il fut surtout question de la nouvelle structure que venait de mettre en place Havas Media et aussi des 50 ans de la BMMA. Une association qu’il préside depuis trois ans et dont les activités ont fortement évolué ces derniers mois – à l’image de son nouveau branding très réussi, plus pétillant et coloré. Et c’est peu dire que Hugues Rey s’implique fortement à la BMMA. Ceci sans doute expliquant la feinte hésitation précitée : entre la direction de Havas Media, la présidence de la BMMA et ses cours à Solvay, pour n’évoquer que son emploi du temps professionnel, on peut comprendre que son épouse puisse avoir des velléités de meurtre que l’on qualifierait de… passionnel. La passion étant sans doute l’autre grande caractéristique de cet insouciant insomniaque, boulimique de travail, de culture, de sport, de médias et de pub. 

Nous nous sommes revus quelques mois plus tard, chez Havas cette fois, de manière plus formelle pour cette interview. Hugues Rey était devenu entre temps président de l’UMA et… plus en vie que jamais. 

L’un des défis liés aux enseignements de vos études Meaningful Brands est celui de la valeur ajoutée que les agences médias peuvent apporter aux marques pour sortir de la guerre du quantitatif au rabais. Parvenez-vous à embarquer vos clients à ce niveau ? 

C’est un point crucial ! Démontrer notre valeur ajoutée, la valoriser hors des modèles traditionnels de rémunération. Oui, les annonceurs sont de plus en plus à l’écoute, mais il y a encore un travail didactique assez logique car cette approche demande de la  compréhension mutuelle. D’autant que la pression sur les prix reste une des composantes clefs des discussions que nous avons avec nos clients. 

Le procurement est là en amont de ces discussions ou est-il présent durant tout le processus ?

Cela dépend, mais il serait beaucoup plus simple qu’il soient présents durant toute la relation, cela leur permettrait de vraiment comprendre ce qui se passe. Certains annonceurs ont très bien intégré leur procurement, nous avons de bonnes discussions avec eux car ils prennent le temps d’essayer de comprendre, et au plus ils le font au mieux cela se passe. Notre job, plus précisément dans le chef du management des agences, est de pouvoir leur expliquer notre valeur ajoutée. Sachant que nous devons aussi la rendre tout-à-fait tangible. Nous nous y activons tous les jours, mais il peut toujours y avoir des incompréhensions. Dans ce contexte, la réflexion que l’on peut avoir à l’UMA autour de la transparence est évidemment importante.

Que recouvre plus précisément cette notion de valeur ajoutée dont parlent toutes les agences ?

Créer de la valeur ajoutée c’est renforcer la valeur des marques donc les rendre incontournables dans un monde ou les consommateurs disent pouvoir s’en passer. Économiquement, créer de la valeur ajoutée que l’on peut monétiser, c’est une idée de développement de modèle vertueux et selon moi, c’est l’avenir de la publicité. Prenez l’exemple de la durabilité : il ne suffit pas de dire que l’on va moins polluer simplement en essayant d’atténuer certains excès. Ce qu’il faut faire, c’est arrêter de faire des choses inutiles. Il y a un parallélisme évident entre cette notion de gaspillage et celle de nos business modèles liés au volume… Je pense que le jour où l’on arrêtera de diffuser trop de mauvaises publicités et de créer toujours plus d’espaces médias pour encore ajouter de la pub – ce qui est souvent la règle -, tout redeviendra vertueux, et le consommateur sera plus attentif à la pub. 

Nos études Meaningful Brands le martèlent : les gens ont de grosses attentes par rapport aux marques, près de 70% le disent. Ils pensent que les marques peuvent faire des choses très utiles, qu’elles peuvent prendre des décisions qui auront plus d’effets que celles de gouvernements. En même temps, 60% de ce qui constitue la communication des marques ne les intéressent pas… Cherchez l’erreur ! J’exerce encore ce métier, parce que je crois qu’il y a moyen de faire de la pub qui intéresse les gens et parce que cela fait partie du modèle économique dans lequel nous évoluons. En s’efforçant de remplacer l’inutile par de l’utile, constructif sur différents axes, comme le divertissement, l’éducation, l’engagement, etc. On ne peut pas continuer à dire qu’il faut toujours acheter plus. Les mois de crise que nous avons vécus, que ce soit sur le plan sanitaire ou le plan climatique, ne nous poussent pas à aller vers du plus, mais vers du mieux. Je pense que notre métier doit aussi évoluer dans ce sens.

On en revient à cette notion de valeur ajoutée : c’est faire en sorte que nos équipes puissent être rémunérées correctement, pour précisément faire ce travail le mieux possible, que ce soit dans des réflexions relatives à la consultance, à la production, à la création ou à la connexion avec le consommateur.

C’est cette approche meaningful qui a guidé votre travail sur la nouvelle structure de l’agence ?

Ces 18 derniers mois ont été intenses : le déploiement de notre méthodologie Mx-Meaningful Experience, la transformation du paysage média et les besoins des clients à légitimement reconsidérer se sont combinés aux nouvelles pratiques hybrides de travail… Il s’est donc passé différentes choses. L’histoire de la meaningfulness et Havas dure depuis plus de 10 ans. Nous sommes sans doute les tous premiers à avoir cité et utilisé cette notion. On retient surtout son fameux wake-up call – le fait que 80% des marques pourraient disparaître sans que cela n’émeuve les consommateurs – et on se souvient souvent peu du corps de l’enseignement de l’étude, qui est le plus intéressant et qui permet de faire évoluer les marques et leurs communications en alignant leurs valeurs, leurs positionnements et leurs ambitions à moyen et long terme. Il y a moyen d’appliquer de manière concrète les résultats de l’étude au fonctionnement d’une agence. 

Nous avons donc effectivement fait évoluer la  structure de l’agence média autour de quatre piliers : insights & intelligence, gestion clients, stratégies et mesure. Cela nous permet de couvrir un certain nombre de points, à commencer par une transversalité de la donnée. Deuxièmement, cela nous a permis d’évacuer les couches inutiles, d’avoir moins d’intermédiaires – deux au plus entre le CEO et l’équipe ; cela permet d’avoir des “cadres opérationnels”, de maximiser les contacts avec les équipes, les médias et avec les clients. Enfin, nous avons fait en sorte qu’il n’y ait plus d’un côté le buying et de l’autre le planning. Il existe une autre façon d’organiser les choses. Cela a une influence intéressante : dans la réflexion sur l’insight et l’intelligence, la meaningfulness est recherchée partout. 

Lorsque nous faisons une proposition de “meaningfulness idea” ou de “meaningful experience” en termes de média, sur l’ensemble des canaux qui servent à construire ces stratégies, nous avons des indicateurs dédiés. Par exemple en télévision, on parle du MRP pour Meaningful Rating Point : à côté des indicateurs traditionnels, toujours nécessaires, on peut également disposer d’autres indicateurs qui montrent comment le consommateur apprécie les programmes dans lesquels est diffusée la communication. Par exemple le nombre de fois où un même consommateur va voir une émission, le nombre de fois où il va revoir un épisode d’une série, le niveau de zapping… Le genre de choses qui permettent de requalifier le média, et cela vaut aussi pour le monde digital. En résumé, nous avons infusé la meaningfulness de façon extrêmement pragmatique, sans séparer les gens qui la pensent et ceux qui l’appliquent.
Autre point important : pendant tout un temps nous nous sommes très fort renforcés en intelligence, mais cela restait complexe de traduire ce que l’on savait en termes d’intelligence dans la mise en place au quotidien des campagnes – spots, affiches, etc. Parce que les outils et les process se devaient d’être complétement implémentés et appliqués.  Nous avons amélioré la cohérence du processus, nous avons adapté la structure de l’agence en fonction de l’intégration de cette approche meaningfullness et de la création d’indicateurs dédiés pour nos clients. 

Vous avez aussi mis en place de nouvelles structures. La plus récente est OOHavas, en lieu et place de votre partenariat avec Posterscope… C’est assez rare pour une agence média d’intégrer l’OOH. 

Nous y pensions depuis longtemps et nous avons estimé que c’était le bon moment. Comme nous maîtrisons l’ensemble des médias audiovisuels et digitaux, c’était à nos yeux dans les bonnes pratiques de l’intégrer. Du reste, nous assistons à une transformation extrêmement positive de ce canal, à la fois rapide et digitale. Nous ne sommes pas loin de nous dire que nos experts du trading desk vont un jour opérer sur de l’affichage également.

Dans cette réflexion, il y a aussi la notion d’omni-canal, l’importance d’être encore présent dans la vie réelle des gens. Avoir cette espèce d’îlot à part, ne nous semblait pas être la meilleure option sur le long terme. Sur le court terme nous avons aussi la chance de collaborer depuis  deux ans avec une personne très experte, Valérie De Coster, qui a développé l’aspect stratégique en affichage et qui a elle-même constitué son équipe. 

Vous avez par ailleurs donné plus d’importance au social… 
Nous faisons du social chez Havas depuis 2011, et ce business s’est plutôt bien développé. Jusqu’à récemment une partie des activités était liée à la création, l’autre au média. Nous avons trouvé plus intéressant de tout regrouper, avec un objectif clair : renforcer ce que peut apporter le Village Havas en créant une entité qui profite à la fois à la création et au média, mais qui d’autre part est magnifiée par la création et le média, On trouve très peu d’entités sociales très bonnes à la fois dans leurs dimensions media et création, qui font en outre partie d’un grand groupe. C’est ce que nous avons voulu mettre en place, et c’est encadré par un stratège issu du monde social. En gros, nous combinons toutes les forces. 

C’était à la fois un besoin légitime et une belle porte de réflexion sur la manière de construire du business à l’avenir. Parce que Havas Social peut à la fois nous servir vivre de façon autonome. On peut aller chercher de beaux clients au travers de cette structure, parce qu’elle est plus soutenue, plus capitalisée et qu’elle dispose de meilleurs outils que de petites entités indépendantes. 

J’en reviens au Village. Cela va faire quatre ans que les deux agences sont réunies. Nous avons deux portes d’entrée – création et média -, et un certain nombre d’entités spécialisées, accessibles aux deux agences et accessibles à d’autres, qui permettent au Village d’exister de plus en plus. Un exemple concret : en tant qu’agence média, nous n’avions pas développé d’expertises digitales en termes de production, ce que le Village nous permet de proposer, en nous appuyant sur les équipes de l’agence créa. C’est également le cas pour le Content. Nous avons une très bonne équipe au niveau média, qui pense les relations avec les médias, et en même temps, nous avons quelqu’un de très compétent au niveau de l’agence créa, qui va nous aider à améliorer la ligne, à la définir, à la produire. De plus en plus aussi, que le pitch soit créa ou média, on suggère à l’autre de participer au moins à la réflexion, pour voir ce qu’il peut apporter de plus. Cela se fait de plus en plus, et de plus en plus facilement.

Le positionnement Meaningfulness, c’est Havas dans sa globalité. Dans les changements structurels, l’intelligence au niveau média est devenue l’intelligence au niveau Village avec Mathias Beke aux commandes. De son côté, Ann Voorspoels est aujourd’hui en charge du new bizz et du développement d’activités de type new bizz au niveau du Village. Cela fait que les gens travaillent de mieux en mieux ensemble. Sans compter que coté créa, David Grunewald a repris les commandes ; nous nous connaissons très bien et nous avons un réel plaisir à travailler ensemble ! De ce fait, en un an, nous avons gagné de façon très conséquente sur la qualité de ce que nous produisons dans les pitchs. Grâce à cette capacité à aller chercher de la ressource et de la réflexion sur l’ensemble du groupe. 

On parle beaucoup d’écosystème, mais en réalité très peu de groupes arrivent à couvrir l’ensemble des activités. Par contre, le corollaire c’est choisir les activités dans lesquelles on se doit d’exceller et être capable de coordonner, au travers de séniorité et d’outils d’intégration.

On a déjà dû vous poser mille fois la question, mais n’est-ce pas simplement un retour à ce qu’étaient les agences avant l’apparition des agences médias ?

Havas Media n’est pas un département de Havas Creative. Et même si c’était le cas, où serait le problème ? Ce qui est le plus intéressant c’est que, grâce au Village, nous sommes capables de couvrir davantage d’activités et de les faire travailler ensemble de manière efficiente et efficace… Alors oui, le concept est sans doute assez proche de ce que faisaient les agences avant mon entrée dans le métier. A une grosse nuance près : aujourd’hui l’univers des médias est infiniment plus développé qu’il ne l’était à l’époque. Auparavant le média en agence, c’était quelques personnes, et un directeur média qui était souvent l’un des directeurs de l’agence.

C’est vrai que dans Mad Men, la personne qui s’occupe des médias est toujours toute seule dans son bureau…
Et ce n’est pas l’endroit le plus souvent montré dans la série. Ce n’était pas là que cela se passait (rire).

Qu’en est-il de Havas Market ?

Havas Market est un point de développement pour fin 2021, début 2022. L’idée est d’accompagner les annonceurs dans l’e-commerce et par extension répondre à une réflexion de plus en plus présente quant à l’évolution des canaux de vente directe par rapport aux canaux de vente traditionnels. Cette période Covid a fait exploser l’e-commerce qui a pris neuf ans d’avance sur les prévisions les plus optimistes ! Différents piliers au sein de groupe nous permettent d’apporter des réponses à ce niveau. Qu’il s’agisse du travail sur le contenu qui doit être utilisé pour travailler cette approche direct consumer, de l’utilisation des médias ou de la réflexion stratégique. 

Nous sommes très bien outillés pour l’analyse, pour réaliser des analyses de maturité de marché, de maturité d’annonceur, pour indiquer où réside un potentiel. Et enfin, nous avons des équipes qui peuvent réaliser énormément de travail sur la data. A priori toute cette activité est liée au média, mais, à nouveau, dans l’aspect Village, elle est accessible à l’ensemble des clients, sans limitation. Cette offre existe déjà au niveau du groupe dans 13 pays. Nous bénéficions donc déjà d’une expérience forte.

Pourquoi vous-êtes-vous présenté à la présidence de l’UMA ?

Je pense que c’était le bon moment. Le travail qui a été effectué à l’UMA ces dernières années est admirable. Je pense qu’il y a une grande différence ce qu’était l’association à ses débuts il y a 12 ans et celle d’aujourd’hui. L’UMA fonctionne bien, elle produit beaucoup de choses et je veux continuer dans cette direction. 

Je crois qu’aujourd’hui il faut pouvoir faire ensemble un certain nombre de choses. Nous parlions de changement de business model, de paradigme, de vertu… Il faut que l’UMA reste un moteur de propositions. La notion de dialogue est ultra importante. Les espaces de dialogue ont un peu bougé. L’UBA, l’ACC…Tous nos partenaires ont continué à avancer dans ce sens, et l’UMA doit renforcer cette dynamique. 

Y a-t-il des axes spécifiques que vous souhaitez développer ?
Les axes sont relativement clairs. La première chose, c’est de continuer le dialogue. Il y a des dossiers à régler et il est plus simple de le faire avec le moins de dissonances possibles au niveau des voix du marché. 

La deuxième chose, c’est l’importance cruciale des talents. C’était le point numéro des discussions lors du changement de présidence. Nous devons continuer à recruter les meilleures personnes. C’est essentiel, nous ne pourrons pas mieux faire ce métier s’il n’y a pas plus de talents. Et quand je dis mieux faire, c’est à tous les niveaux. Si nous voulons produire de la valeur, cela ne se fera qu’au travers de talents supplémentaires.

Troisième chose : les pratiques commerciales, les pratiques du métier doivent continuer à être abordées, notamment au travers du dialogue avec l’UBA. Il s’agit aussi des pratiques au niveau de la mesure. Le sujet n’a pas vraiment été abordé, mais cela restera un défi. 

Et un dernier point, à première vue anecdotique mais important, et qui a sans doute manqué à ce métier pendant les 24 derniers mois, c’est réintroduire un peu de plaisir. L’une des décisions prises avant mon arrivée à la présidence a été de transformer l’UMA Day en UMA Night… Si ce marché veut être fier de ce qu’il fait, il doit aussi être heureux. Il faut que les gens puissent se voir et partager. “Si j’avais 20 ans aujourd’hui, serais-je heureux d’évoluer dans un monde où l’on crame autant de ressources ?”En ce qui concerne les talents, on un peu l’impression d’un mercato incessant. Est-ce que cela ne crée pas aussi un déficit par rapport à l’image du métier ?
Effectivement, mais l’important est de promouvoir ce métier. Je ne suis pas sûr qu’un jeune de 20 ans aujourd’hui ait envie d’embrasser la pub. Pourtant le secteur offre une magnifique diversité de métiers, dans des domaines variés qui vont de la création au média, en passant par la gestion de la data, l’analyse, le marketing, la réflexion autour du contenu. Il y a clairement du travail collectif à faire à ce niveau. 

Se pose aussi une autre question : si j’avais 20 ans aujourd’hui, serais-je heureux d’évoluer dans un monde où l’on crame autant de ressources ? Si nous ne prenons pas le soin d’expliquer en quoi nous pouvons être responsables, nous allons nous retrouver avec une sorte de distorsion par rapport à l’ensemble de la population. 

Je suis partagé sur des notions comme la décroissance ou la croissance raisonnée. Dire que toute l’économie est à jeter, c’est naïf. En revanche, une réflexion s’impose. C’est bien de parler de meaningfullness, mais pour une très grande partie des gens c’est “faire du green” là où d’autres y voient une manière de “s’occuper des minorités”.

Pourtant la façon dont la meaningfulness est construite mérite toute l’attention. Notre étude montre d’une part qu’un produit doit avant tout être fonctionnel. Par ailleurs, il faut qu’il apporte quelque chose d’un point de vue personnel, et c’est 30% de la décision d’achat. Cela peut aller loin : par exemple, quelqu’un se sentira plus écologique dans ses prises de décision s’il achète tel produit, plus valorisé s’il achète telle voiture, etc. Ce sont des dimensions pour lesquelles des marques comme la SNCB, la STIB ou Delhaize ressortent très bien. Ce n’est pas du sociétal, c’est du personnel, qui fait du bien par rapport au monde dans lequel on vit. Il y a bien sûr l’écologie, mais ce n’est qu’un des piliers. Il y a aussi l’éthique, l’économie, notamment l’idée de faire du bien à l’économie locale – c’est l’un des points fondamentaux qui ressort en cette période de crise. Oui, la pub aide à faire vivre tout cela, elle aide l’économie.

Aider les entreprises à mieux communiquer autour des grands enjeux sociétaux… C’est peut-être aussi un argument pour le recrutement de jeunes talents ?

Une marque qui essaie de bien faire son job de manière vertueuse, et qui le raconte bien, va bien vivre sur le long terme, va mieux se vendre. C’est exactement la même histoire. Un certain nombre de nos clients utilisent cette notion de meaningfulness en mettant en perspective leur vision, leur mission, leurs valeurs, en répercutant tout cela sur l’ensemble de l’entreprise. Si cette approche se reflète dans leur communication, par des messages de qualité, en respectant l’écologie, l’éthique, etc., la pub fait vraiment ce qu’elle doit faire. 

Finalement nous devons être des nutritionnistes pour les marques. Plutôt que de rajouter encore des ingrédients ou d’augmenter la quantité des aliments, nous pouvons contribuer à rééquilibrer, de manière à ce que ce soit bénéfique tant pour la marque que pour la société au sens large.

Ce qui me permet d’aborder les 50 ans de la BMMA. Ce qu’on oublie souvent, c’est la signification des deux M de BMMA, management et marketing. C’était notre intention lors de la semaine de célébration. En décidant de diffuser l’émission “A vos marques” en TV live sur LN24, devant un vrai public, nous avons avant tout pensé à parler du rôle du management et de l’apport du marketing, en sortant de notre microcosme. La communication n’est pas une activité à part, elle a un impact important sur la façon dont on gère les sociétés, donc sur l’économie. Et c’est précisément, je pense, ce que voulaient exprimer les fondateurs de la BMMA. 

Qu’est-ce qui vous a le plus marqué cette année ?

Outre les très belles victoires et la série de deuxièmes places de Wout Van Aert ?

Oui sur le plan professionnel (rire)
En tout début d’année, je me souviens que lors de l’événement Commpass “The Year Ahead”, on a évoqué la fin des cookies, et tout le monde est venu avec son narratif autour de différentes solutions… En réalité, et Google le premier, on s’est rendu compte depuis que ce sera plus compliqué que prévu, et qu’une raisonnable solution de report était bienvenue pour le marché. 

L’autre événement marquant, passionnant et significatif, c’est l’investissement de DPG et Rossel dans RTL. C’est significatif, parce que notre étude sur la notion de Meaningful Media montre que pour la toute grande majorité des classes d’âge, le média meaningful par excellence reste la télévision, et de loin. Le meaningful étant dans ce cas ce que je crois, ce dont j’ai envie de parler avec d’autres, ce qui m’inspire… Et c’est passionnant parce que les repreneurs de RTL sont des acteurs locaux, actifs non seulement en Belgique, mais également aux Pays-Bas et en France. 

Et en osant un énorme raccourci, ce qui est très frappant, c’est de voir des journaux racheter un groupe TV. Même s’ils font plein d’autres choses, Rossel et DPG se sont construits à partir de la presse écrite. On a souvent annoncé leur mort, mais les journaux ont réussi leur transformation digitale. La télévision est certes en transformation, mais cela reste un média qui fonctionne très efficacement. 

Dernière chose, on a moins entendu le “il faut se battre contre les GAFA”. Peut-être parce que notre marché média est en train de trouver des solutions. Les propos du CEO de la VRT, Frédéric Delaplace, lors du Media Date de l’UBA étaient à ce égard extrêmement éclairants lorsqu’il annonçait que 135.000 jeunes Flamands regardent les news sur TikTok. C’est la meilleure façon d’utiliser les GAFA. Plutôt que de se nourrir du conflit, on peut adopter des points de vue plus convergents.

Meaningful Communication – Lacoste – Give for Good by BETC

Because the best proof of elegance is to play collectively, Lacoste and BETC are ending this very particular year by setting up an operation in favour of Apprentis d’Auteuil — a French association that has been working since 1866 for the education, training and social and professional integration of young people throughout France. Between December 14 and 20, all orders sent to France from Lacoste.com will include a delivery slip for Apprentis d’Auteuil. This voucher will allow you to send one or more items of clothing to the association, from any brand, free of charge.

Meaningful brands – Meaningful companies … How can brand develop a sustainable value proposition (in Covid19 times … and ever) ?

77% of brands could disappear and no one would care!
That’s just one of the sobering stats in that should alarm marketers and advertisers alike. (Source: Havas Study).

Consequently, Brands have to work on better delivery of both personal and collective benefits: Additionally, being meaningful continues to be good for business. Both in terms of stock market performance and marketing KPIs, meaningful brands significantly outperform competitors.
Secondly, a brand’s contribution to society “brand activism”— is becoming an important part of how people (not just millennials) determine whether a brand is meaningful.

And lastly, there’s still a lot of room for improvement in the brand content space. 90%of consumers expect brands to provide content, but more than half of the content they deliver today is considered meaningless.

Corona Virus Paradox ? Les Belges utilisent massivement (+20%) la TV et les canaux digitaux (news et “entertainment”) pendant que les annonceurs les désertent… Si il y a communication, la “meaningfulness” est indispensable (Source: Havas Media Belgium – vague 2)

Ci-dessus la  seconde vague de cette analyse faite par l’équipe d’Havas Media sur l’impact du Corona Virus (Covid-19) sur son métier en Belgique. Elle consiste en quatre parties :

Premièrement, il y a une mise-à-jour des audiences TV et internet. Les derniers chiffres confirment l’estimation que nous avions faite la semaine passée (que la consommation TV augmenterait de 20%) et montrent que la programmation de la catégorie entertainment en profite aussi. Il est plus important que jamais de choisir des émissions « meaningful ».

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Quant aux internautes, ils sont très intéressés par les sites news (hors contexte app), une tendance dont les newsbrands profitent plus que les broadcasters audiovisuels. Nous voyons que le device préféré pour visiter ces sites reste le mobile, même si les premiers chiffres semblent indiquer qu’en lockdown les gens utilisent plus qu’avant leur desktop. Sur les réseaux sociaux nous voyons que le coût par reach diminue, une tendance qui s’explique par l’offre et la demande : les Belges utilisent les réseaux sociaux plus activement et une partie des annonceurs ont annulé ou retiré leurs communications.

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Cette observation nous mène au deuxième point de l’analyse : il y a un véritable paradoxe entre ce que font les consommateurs avec les médias (en consommer plus) et ce que font les annonceurs (en avoir peur). Pourtant il est possible, voire important et recommandé, de continuer à communiquer en période de crise. Afin de le faire correctement, il est important de voir comment le consommateur se comporte – non pas uniquement d’un point de vue média. Ceci constitue la troisième partie de l’analyse.

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Dans la quatrième partie de l’analyse, nous démontrons ce fait à l’aide de campagnes touchantes qui ont été lancées – aussi bien en Belgique qu’ailleurs. La façon dont certains supermarchés ont communiqué ces dernières semaines mérite l’estime, mais il y a aussi des exemples des secteurs déclarés non-essentiels et dont les magasins ont donc dû fermer. L’analyse se termine par quelques slides sur la communication du secteur média même.

Meaningful communication – un must en temps de crise: Publicité dans la Presse Quotidienne (papier) en Belgique pendant la pandémie (Covid 19) – très faible présence d’annonceurs à l’exception de la grande distribution … Mais un message sans équivoque: “Merci – Prenons soin les uns des autres” (Pige: Le Soir (PDF) du 16/3 au 21/3/2020)

Pendant la pandémie, les audiences des médias “connectés”  (TV / Digital) augmentent. (Voir infra l’analyse d’Havas Media Belgium). Il est par contre logique que d’autres canaux souffrent en terme d’audience (l’out-of-home sans conteste) mais surtout en gterme d’investissements publicitaires.

En effet, sans surprise, la pression publicitaire connait un net coup de frein. Ce ralentissement est explicable par la volonté de ne pas paraître simplement opportuniste ou justifié par le volume de business (inexistant dans le cas d’arrêt temporaire d’activité ou ne devant plus être soutenu vu les volumes écoulés).

La presse quotidienne (papier) souffre logiquement du confinement pénalisée par sa forme de distribution dans les points de ventes physiques (en parallèle avec les abonnements). Une pige non exhaustive (Le Soir version PDF du 16/3 au 21/3/2020) révèle d’ailleurs que les uniques annonceurs dans la “version papier” est la grande distribution (à l’exception de l’assureur P&V).

Il est cependant important de se rappeler que le consommateur a besoin pendant ces moments inhabituels où le doute peut se développer de repères et de communication qui fait sens (L’étude meaningful brand d’Havas le mentionne clairement: 55% des consommateurs pensent les marques sont plus pertinentes que les gouvernements pour les diriger vers un meilleur avenir ).

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A ce titre, la grande distribution mais également les commerces de proximité sont une des derniers lieux de socialisation physique. Soutenir la grande distribution avec un message rassembleur (non commercial) c’est déjà préparer l’après. Soutenir la grande distribution en Presse Quotidienne, c’est profiter d’un média fort et crédible en temps de doute, de fake news, “d’infobésité”…

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Mon quotidien c’est bien plus que du papier: Se rendre jusqu’à la boite aux lettres, voire faire une courte ballade jusque chez le libraire (qui est resté ouvert,  merci à Bleus d’encre par exemple: https://www.facebook.com/bleusdencre), rentrer chez soi, se faire un bon café ou infuser un thé vert, ouvrir le journal…. Un rituel essentiel en période de confinement…  Un rituel qui est synonyme de repères, de balises, de sens !

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Why unicorn brands are so focused on building communities

Traditional digital marketing strategies fall flat in the age of ad blockers and brand over-saturation. Meanwhile, competition gets tougher and customer acquisition costs go up. The modern digital economy requires a unique approach to marketing. That is why many of the most successful companies invest in things that don’t directly lead to more sales but strengthen the brand in the long run: they are focused on building communities around their product. It has become increasingly important for those brands that want to reach and engage with Gen Z.

source: https://www.thedrum.com/industryinsights/2019/08/09/why-unicorn-brands-are-so-focused-building-communities

To become a movement

Having a strong community isn’t just a way to differentiate yourself — it’s a way to transcend the boundaries imposed by the core component of your business. No matter how good what you’re selling, at the end of the day it’s just a product. And one’s relationship with products can only get so personal.

According to the 2019 Meaningful Brands survey, 77% of brands could simply disappear and not a single customer would care. But if your marketing is structured around your community, your brand can avoid that fate. It can, instead, come to represent a passionate group of like-minded people.

To provide social context

Your community is a market positioning tool like no other. A lot of brands produce ads featuring sports cars and luxury items, trying to appeal to the target demographic’s ideal self-image. But in the grand scheme of things, it doesn’t mean much. By now we’re used to these tactics, that sell everything from skincare products to energy drinks. We all know that a new pair of shoes does not make one worthy of a Met Gala invitation — no matter what the ad wants you to believe. However, when your product is actually used by actual celebrities — this social context is impossible to ignore.

To gain brand ambassadors

Related to the last point — the people who feel ‘at home’ in your community are also most likely to convince others to use your product. Word-of-mouth marketing is a force to be reckoned with — even though you can’t easily measure it. 6 out of 10 customers won’t trust your brand unless someone else vouches for it. They want to be sure that you deliver on your promises. Content, generated by the members of your community, can convince them to take the risk.

Moreover, these same people will willingly expand effort to ‘convert’ others. Because, as we have previously mentioned, they perceive it as a movement, a lifestyle choice — not a purchasing decision. Their connections will become your leads — 71% of consumers are highly influenced by their friends’ recommendations.

To develop brand loyalty

Community loyalty often, though not necessarily, translates into brand loyalty. These people are brought together by your corporate vision, and will, as a rule, enthusiastically approach products that expand it. This can present a set of challenges: if your development decisions somehow damage the ideals your community was built upon, users will abandon your product en masse. However, if you stay true to your promises, people will be eager to try out new things.

To make smarter decisions

Having an active community is a great way to ensure a transparent feedback loop between you and your customers. Individual reactions get lost, but communal resonance is hard to miss. Your community can amplify the voices that would otherwise be drowned out.

It also gives you a great way to measure how well you’re doing as a company. You can use it as a metricfor customer satisfaction and customer retention.

According to Accenture Interactive, 91% of Gen Z and millennials are willing to switch brands over ethical issues. If you monitor your communal spaces, you can notice the early signs of things going wrong. To speed this feedback loop further up, you can even directly address your customers in a public forum and listen to their grievances or suggestions.

Moreover, it’s far less expensive for a business to retain customers than it is to acquire new ones. Yet most companies continue to prioritise customer acquisition over retention.

To bridge online and offline

Last, but not least, it’s a great way to establish yourself on both sides of the screen by bringing your online community offline (or vice versa).

Your online community does not cease to exist in the real world. If you’re a company that makes digital products, or uses direct-to-consumer sales tactics, you can take advantage of this to establish your presence in meatspace.

Companies from Blizzard to Google and Coinbase arrange meet-ups and conferences, giving their community members an opportunity to convene in real life. The connections people make online are more tangible than they might seem and nurturing them offline will only make them stronger. Moreover, real world presence will work as advertising for people you’ve been unable to reach online.

Likewise, traditional brands can establish online communities so that their users, no matter where they live, get the opportunity to lead an active communal life.

Conclusion

Brand communities are a part of our digital culture — and you can’t ignore it. If you are not nurturing the communities of both your customers and your supply-side partners, you risk playing a losing game against the rising cost of traffic and clicks.

We need to open channels of communication through regular people, those we can truly connect to. Only they can reliably drive long term user retention. That’s why it is vital to focus on your social impact in addition to conventional marketing channels.

MNFST – lifestyle app for Gen Z

Havas Meaningful Brand Study: 2017 Belgium Results

LARGEST GLOBAL ANALYSIS OF ITS KIND: 1,500 global brands, more than 300,000 people, 33 countries and 15 different industry sectors

BETTER BUSINESS RESULTS: Meaningful Brands have outperformed the stock market by 206% over the last 10 years

GLOBAL RANKINGS: Discover which brands and industries top the meaningfulness charts

A WAKE-UP CALL FOR MARKETERS: Content delivered by brands is underperforming to such an extent that it’s having little impact on business results or people’s lives. 84% of people expect brands to produce content. Yet 60% of all content created by brands is poor, irrelevant or fails to deliver.

NEW CONTENT EFFECTIVENESS INDEX: Exclusive data that tracks the relationship between a brand’s performance, its meaningfulness and the content it produces.

THE WAKE-UP CALL: Havas Meaningful Brands 2017 – Belgian Results coming soon !

 

People wouldn’t care if 74% of the brands they use just disappeared.

75% of us expect brands to make more of a contribution to our wellbeing and quality of life, yet only 40% believe brands are doing so.

60% of content produced by brands is declared as poor, irrelevant or failing to deliver.

Meaningful Brands : 60% des contenus sont hors de propos (source: Media Marketing)

Source: Media Marketing | News | Meaningful Brands : 60% des contenus sont hors de propos

Havas a publié les résultats 2017 de son étude mondiale Meaningful Brands, présentée en long et en large sur un site dédié particulièrement bluffant. Pour rappel, l’outil mesure la contribution des marques à la qualité de vie des gens. Au menu : pas moins de 1.500 marques étudiées dans 15 secteurs et 300.000 personnes interrogées dans 33 pays.

On notera ces trois “wake up calls” épinglés par Havas : 74% des marques pourraient disparaître demain sans que cela n’émeuve qui que ce soit ; 75% des répondants attendent des marques qu’elles contribuent davantage à leur bien-être et à leur qualité de vie ; 60% des contenus produits par les marques sont considérés comme pauvres et hors de propos.

Havas constate également que la courbe de tendance des indices boursiers des marques “qui font sens”, surperforme de 206% sur une période de 10 ans (2006-2016) et que ces mêmes marques ont augmenté leurs KPIs de 137%.

Le top 3 mondial des Meaningful Brands est dominé par Google, PayPal et WhatsApp. On notera que ces deux dernières n’étaient même pas reprises dans le top 10 de l’édition 2015 de l’étude et que dans cette même édition, Google occupait la deuxième place derrière Samsung qui chute de quatre places. Outre PayPal, WhatsApp, ce même top 10 en 2017 voit l’arrivée de YouTube (5ième), Mercedes-Benz (6ième) et Lego (10ième). IKEA maintient son rang (9ième) et Nestlé qui était encore sur la troisième marche du podium en 2015, perd 15 places.

Les secteurs les plus “meaningful” sont les voyages & loisirs, devant le retail, le food, les transports et l’automobile.